Le Mexique pourrait économiser $1,6bn par an en évitant des importations de gaz naturel en provenance des États-Unis si le pays parvient à produire 45 % de son électricité à partir de sources propres d’ici 2030, selon une étude publiée le 19 mai par le groupe de réflexion international Ember.
L’analyse indique que cet objectif permettrait de réduire de 20 % la production d’électricité à base de gaz, passant de 204 térawattheures (TWh) en 2024 à 163 TWh en 2030, malgré une hausse de 15 % de la demande d’électricité. Cela représenterait une économie de 384 milliards de pieds cubes de gaz importés en 2030.
Une forte dépendance énergétique
En 2024, 54 % de l’électricité mexicaine provenait de gaz naturel, principalement importé des États-Unis, ce qui place le pays au premier rang mondial des acheteurs de gaz américain. En comparaison, seulement 22 % de la production provenait de sources renouvelables, un niveau inférieur à la moyenne mondiale (32 %) et à celle de l’Amérique latine (62 %).
« Le Mexique est exposé », a déclaré Wilmar Suarez, analyste principal pour l’Amérique latine chez Ember. « La dépendance aux combustibles fossiles importés compromet la capacité du gouvernement à garantir un approvisionnement énergétique fiable et abordable pour sa population. »
Deux trajectoires aux retombées contrastées
Le rapport d’Ember examine deux scénarios inclus dans la Stratégie nationale du secteur électrique : l’un à 36 % d’électricité propre d’ici 2030 et l’autre à 45 %. Ce dernier permettrait de générer des économies dix fois supérieures sur les coûts de combustible et de créer près de deux fois plus d’emplois que le premier.
Pour atteindre ce niveau de production, le pays devrait développer 36 gigawatts (GW) de capacité solaire et 10 GW de capacité éolienne terrestre d’ici 2030. Ce développement générerait environ 419 000 emplois directs durant les phases de construction, ainsi que 15 000 emplois supplémentaires dans les opérations de maintenance à long terme.
Références régionales et objectifs nationaux
Le rapport cite le Brésil et l’Uruguay comme exemples régionaux ayant réussi à accélérer leur transition énergétique en simplifiant leurs processus de planification pour l’énergie solaire et éolienne. Ces expériences sont présentées comme des références pertinentes dans le contexte latino-américain.
L’objectif de 45 % d’électricité propre a été annoncé en octobre 2024 par la présidente Claudia Sheinbaum. Selon Ember, une mise en œuvre rapide permettrait non seulement de renforcer la sécurité énergétique du pays, mais également de réduire sa vulnérabilité face aux fluctuations du marché international du gaz.