Le Mexique, sous la présidence de Claudia Sheinbaum, a récemment décidé d’apporter son soutien à Cuba en matière énergétique. Cette aide, qui s’inscrit dans un contexte de crise humanitaire grave pour l’île, a été justifiée par l’opposition historique du Mexique au blocus économique imposé par les États-Unis. En conférence de presse, Mme Sheinbaum a affirmé que cet acte de solidarité, bien qu’ayant suscité des critiques, répond avant tout à des raisons humanitaires.
Un navire mexicain transportant environ 400 000 barils de pétrole a quitté un port du Mexique lundi pour rejoindre les côtes cubaines, selon des sources locales. Bien que la présidente n’ait pas précisé la quantité exacte de pétrole envoyée, elle a rappelé la capacité de production pétrolière du Mexique, estimée entre 1,6 et 1,8 million de barils par jour. Cette initiative vise à répondre aux besoins croissants de Cuba, en proie à de sévères pénuries de carburant nécessaires à son système électrique.
Une crise énergétique accentuée par les sanctions américaines
La situation énergétique de Cuba s’est détériorée de manière critique ces dernières semaines. Le 18 octobre dernier, une panne majeure a provoqué l’effondrement du réseau électrique national, plongeant l’île dans le noir pendant quatre jours. Le manque de carburant, aggravé par le renforcement du blocus américain, a contraint les autorités cubaines à adopter des mesures drastiques, avec des coupures d’électricité fréquentes et planifiées.
En raison de l’embargo économique imposé depuis 1962, l’île peine à assurer l’approvisionnement nécessaire pour maintenir son infrastructure énergétique. La présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, a déclaré que cette aide vise non seulement à pallier cette situation mais aussi à réaffirmer la position historique du Mexique contre les sanctions qui impactent directement la population cubaine.
Des installations vétustes et une dépendance énergétique accrue
Outre le blocus, Cuba doit faire face à la vétusté de son infrastructure énergétique. Le pays dépend principalement de huit centrales thermoélectriques, dont l’état critique limite leur capacité à répondre à la demande énergétique. Au cours des deux dernières années, les importations de pétrole en provenance du Venezuela, allié de longue date de Cuba, ont considérablement diminué, exacerbant la crise actuelle. Ce contexte rend l’île vulnérable face aux fluctuations d’approvisionnement en carburant, essentiel à son économie.
Le ministre de l’Énergie cubain, Vicente de la O Levy, a récemment qualifié la situation de « tendue », bien que différente de celle ayant provoqué le black-out généralisé. Selon lui, la production électrique ne couvre actuellement que 50 % des besoins en période de pointe. Toutefois, il a assuré que des contrats ont été signés pour garantir des livraisons régulières de carburant et minimiser les délestages progressifs dans les jours à venir.
Un soutien marqué malgré les critiques
Face à cette situation critique, le Mexique continue de manifester son soutien à Cuba, et ce, malgré les objections exprimées par certaines parties. La présidente Claudia Sheinbaum a affirmé que le Mexique continuerait son aide pour des raisons humanitaires et pour marquer son opposition au blocus, rappelant que cette position n’est pas nouvelle pour le pays. Elle a souligné l’importance de la solidarité dans un contexte où la population cubaine est confrontée à une crise économique sans précédent.
Investie en octobre dernier, Claudia Sheinbaum a également annoncé son intention de participer au sommet du G20 au Brésil en novembre, marquant une évolution dans la diplomatie mexicaine. Son prédécesseur, Andres Manuel Lopez Obrador, avait rarement voyagé à l’étranger et n’avait jamais pris part à un sommet du G20, préférant centrer sa politique sur des enjeux nationaux.
Un défi de taille pour Cuba
Avec des pénuries de biens essentiels, une inflation galopante et des pannes d’électricité récurrentes, Cuba traverse une crise économique d’une gravité inédite depuis trois décennies. Ce soutien énergétique du Mexique, bien que limité, représente une aide précieuse pour l’île, qui tente de stabiliser son réseau électrique tout en faisant face à des restrictions sévères imposées par des facteurs extérieurs et internes.
Le geste du Mexique pourrait constituer un précédent en matière de soutien humanitaire et de coopération énergétique, dans une région marquée par de profondes disparités économiques et des alliances diplomatiques fragiles. La poursuite de cette aide dépendra probablement des contraintes logistiques et des priorités internes du Mexique, mais elle souligne d’ores et déjà une nouvelle dynamique dans les relations latino-américaines.