Le dernier rapport de The Insight Partners, publié le 14 juillet, anticipe que la valeur mondiale des systèmes de stockage d’énergie par batterie (Battery Energy Storage System, BESS) triplera d’ici la fin de la décennie. Les analystes attribuent cette progression à la combinaison d’une consommation électrique en hausse et d’objectifs de fiabilité réseau plus stricts, facteurs qui renforcent l’attrait des solutions de stockage modulaires pour les opérateurs.
Infrastructure mondiale en pleine expansion
D’après le cabinet, l’intégration croissante d’énergies renouvelables intermittentes oblige gouvernements et services publics à calibrer des capacités de réserve plus élevées. L’Administration américaine d’information sur l’énergie (US Energy Information Administration, EIA) prévoit une augmentation continue de la demande aux États-Unis jusqu’en 2050, soutenue par la croissance démographique et l’urbanisation. Les mêmes tendances se dessinent en Chine, en Inde et au Japon, où les besoins en électricité ne cessent d’augmenter. Cette dynamique fait des BESS un maillon indispensable pour stabiliser les réseaux et limiter les coupures.
Les investissements suivent la cadence. En janvier 2024, Plus Power a mis en service l’installation Kapolei Energy Storage à Hawaï, ouvrant la voie au remplacement du charbon par le solaire et l’éolien. Six mois plus tard, l’entreprise gérait déjà sept projets totalisant 1 325 MW et 3 500 MWh en Arizona et au Texas. La banque Morgan Stanley a injecté 82 millions $ dans le projet Superstition de quatre-vingt-dix MW en mai 2024, illustrant l’appétit des acteurs financiers pour des actifs offrant des flux de revenus contractualisés.
Déploiements industriels aux États-Unis
Les initiatives ne se limitent pas aux start-ups. Le groupe allemand RWE a terminé en février 2024 trois systèmes pour un cumul de 190 MW et 361 MWh, également en Arizona et au Texas. Ces unités répondent aux pics de consommation régionaux et viennent compléter un parc déjà riche en centrales photovoltaïques, soulignant la complémentarité entre production renouvelable et stockage.
Le modèle économique évolue : les exploitants monétisent désormais la modulation de fréquence, la réserve tournante et les arbitrages intrajournaliers, créant de nouvelles sources de revenu. Les contrats de capacité pluriannuels sécurisent le remboursement des capitaux tandis que la baisse des coûts des batteries lithium-ion renforce la compétitivité face aux turbines gaz de pointe.
Capacité future et chaîne logistique
Au-delà de l’Amérique du Nord, plusieurs gouvernements asiatiques subventionnent la fabrication locale de cellules afin de réduire leur dépendance aux importations. L’industrie surveille toutefois la disponibilité des métaux critiques, notamment le lithium et le nickel, qui pourraient devenir le principal goulot d’étranglement si la cadence d’installation s’accélère encore. Les fabricants cherchent déjà à diversifier leurs approvisionnements et à développer des chimies alternatives, telles que le sodium-ion, afin de sécuriser les volumes nécessaires.
Selon le rapport, la standardisation des plateformes logicielles de gestion d’énergie devrait aussi accélérer l’adoption, en facilitant l’agrégation de ressources distribuées. Cette convergence technologique ouvre la voie à un marché secondaire où les actifs pourront être redéployés ou valorisés sur plusieurs sites au cours de leur cycle de vie, renforçant l’attrait financier de la filière.
