Un groupe de chercheurs a déclaré que les projets à la base de l’offre de crédits carbone étaient défectueux. Ils n’auraient ainsi pas permis de réduire les émissions de carbone comme prévu. Le marché du carbone en Australie est donc sous pression, et d’importantes mesures doivent être prises.
Des inquiétudes vis-à-vis du marché du carbone en Australie
Les allégations du groupe de chercheurs universitaires ont déstabilisé le marché du carbone. Ainsi, les participants au marché ont déclaré que le manque de crédibilité avait des répercussions. Les développeurs de projets d’une part et les acheteurs privés et négociants en carbone d’autre part sont les principaux intéressés.
Mark Kenber, codirecteur exécutif du groupe de réflexion Voluntary Carbon Market Integrity Initiative (VCMI), se confie :
« Nous avons constaté que le manque de confiance et d’intégrité a entravé la croissance du marché au cours des 20 dernières années. Si nous ne voulons pas répéter ces mêmes erreurs, nous devons adopter une gouvernance complète du marché, la transparence et l’intégrité de l’offre et de la demande ».
Il ajoute que les acteurs hésitent de plus en plus à rentrer sur ce marché. Selon lui, ils pensent au risque de réputation que représente le fait d’être associé à un marché.
La position du gouvernement
Les recherches controversées menées par Andrew Macintosh et Don Butler, professeurs à l’Australian National University, ont mis en évidence les failles du système. Ils ont notamment pointé du doigt une large surestimation des réductions d’émissions de CO2.
De surcroît, ils dénoncent les projets sans « additionnalité ». Ce terme renvoie aux réductions d’émissions qui auraient eu lieu même sans le financement du marché du carbone.
L’étude a également mis en évidence les projets de Human-induced Regeneration (HIR). Ils permettent aux propriétaires fonciers de gagner des Australian carbon credit units (ACCU) pour la régénération de forets indigènes. Selon l’étude, la surface forestière totale couverte par ces projets a à peine augmenté. De plus, la réduction réelle des émissions serait bien inférieure aux crédits carbone délivrés.
Toutefois, Angus Taylor, ministre de l’industrie, de l’énergie et de la réduction des émissions s’est récemment exprimé. À propos du marché du carbone en Australie et des recherches menées, il déclare :
« Je pense que ces critiques sont infondées ».
Néanmoins, il a également exprimé sa volonté d’examiner l’ensemble des revendications formulées. Les régulateurs ont commencé à examiner les nouvelles revendications, et les résultats des enquêtes seront rendus publics une fois qu’elles seront terminées.
Confiance et intégrité
Les acteurs du marché du carbone s’accordent sur un point. La confiance et l’intégrité sont les maîtres mots de ce marché. Fiona Davis, PDG de Farmers for Climate Action, confirme ce point de vue :
« En fin de compte, le succès du marché du carbone est lié à son intégrité. Nous avons donc besoin que le gouvernement fédéral montre qu’il a mené une enquête approfondie et qu’il a abordé ou dissipé les préoccupations concernant l’intégrité du marché, afin que les agriculteurs aient la confiance nécessaire pour s’impliquer ».
De plus, le manque de transparence est un problème commun aux marchés volontaires du carbone dans le monde entier. Les registres du carbone contenant des informations importantes ont tendance à être inaccessibles au public. Selon M. Kember du VCMI :
« La conséquence d’un partage limité de l’information est que les universitaires, les journalistes et les ONG trouveront des exemples de mauvais comportements, ce qui ternira le marché dans son ensemble ».
Il est donc nécessaire que l’Australie modifie sa politique concernant le marché du carbone. Le pays doit regagner la confiance des acteurs de ce marché afin de parvenir à des réductions d’émissions effectives et importantes. Suivant l’évolution de ces points, le marché du carbone en Australie pourrait alors prendre une autre ampleur.