Le marché mondial des moteurs à gaz naturel liquéfié (GNL) est estimé atteindre 10,7 milliards $ d’ici 2033, contre 5,4 milliards $ en 2023, selon les prévisions d’Allied Market Research publiées le 25 mars. Cette progression, soutenue par un taux de croissance annuel composé de 7,1 %, reflète l’expansion rapide des infrastructures de GNL et la volonté de plusieurs pays d’abaisser leur dépendance au diesel et aux carburants à base de pétrole.
Le transport et la production d’énergie en ligne de mire
Les moteurs GNL suscitent un intérêt croissant dans les secteurs maritime et de la production d’électricité. Dans ce dernier, leur rendement supérieur et leurs émissions réduites en font une alternative compétitive au charbon et au diesel. Le segment de la production électrique, en particulier, représente la première source de revenus du marché, avec un taux de croissance projeté de 7,0 %. Du côté maritime, la mise en œuvre de l’Annexe VI de la Convention MARPOL par l’Organisation maritime internationale (OMI), imposant une teneur maximale de 0,5 % en soufre dans les carburants marins, incite les opérateurs à adopter des solutions GNL.
Asie-Pacifique en tête des investissements
La région Asie-Pacifique constitue le principal pôle de croissance du marché, avec un taux anticipé de 7,5 %. Des pays comme l’Inde et la Chine multiplient les politiques incitatives, à l’image du plan indien visant à déployer 1 000 stations de ravitaillement en GNL d’ici 2030. La région bénéficie également de partenariats stratégiques comme celui entre l’Inde, le Japon et la Chine dans le cadre de l’Asia-Pacific Partnership on Clean Development and Climate, facilitant le déploiement technologique dans le transport et l’énergie.
Évolutions géopolitiques et restructuration du commerce énergétique
L’essor des moteurs GNL modifie les équilibres énergétiques mondiaux. En réduisant la dépendance au pétrole, il permet aux grands consommateurs comme l’Union européenne, l’Inde ou la Chine de diversifier leurs sources d’approvisionnement. En 2023, les importations européennes de GNL ont atteint 155 milliards de mètres cubes, en hausse de 60 % par rapport à 2021. Les producteurs majeurs tels que les États-Unis, le Qatar et l’Australie en profitent pour accroître leurs exportations, tandis que des pays comme l’Indonésie investissent localement, à l’image de son projet de conversion de 41 centrales électriques au diesel vers le GNL.
Des investissements structurants dans les chaînes d’approvisionnement
En parallèle, les investissements dans les infrastructures de stockage, de distribution et de ravitaillement s’intensifient. Le secteur du transport routier lourd, qui consomme une part significative du diesel en Inde, est une cible prioritaire des politiques de conversion. Des entreprises telles que Tata Motors et Ashok Leyland développent des modèles de camions compatibles GNL, soutenus par des incitations fiscales et une réglementation assouplie. En janvier 2025, la start-up indienne Blue Energy Motors a levé 100 millions $ pour étendre sa production, triplant ses ventes à 3 000 camions sur l’exercice suivant.