Le marché de l’éolien connaît une période de forte croissance. Celui-ci est porté par la reprise post-COVID et les tensions géopolitiques actuelles. Cependant, la chaîne d’approvisionnement est fortement touchée par la hausse des prix et les appels d’offres agressifs sur le prix de l’électricité.
Une refonte des chaînes d’approvisionnements sur le marché de l’éolien
La chaîne d’approvisionnement sur le marché de l’éolien est très fortement touchée par la hausse des coûts. Dans le contexte actuel, elles ont dû être restructurées. Effectivement, les graves problèmes des chaînes d’approvisionnement ont entraîné des bénéfices négatifs pour de nombreux fournisseurs.
En amont des chaînes d’approvisionnement sur le marché de l’énergie éolien, le coût et la disponibilité des matières premières ont été fortement impactées. Les pièces ont connu le même changement. De plus, la flexibilité du marché a été fortement réduite. Les prévisions de réduction des dépenses d’investissement ont joué un rôle important dans cette tendance.
Les appels d’offres agressifs du marché de l’éolien sur les prix de l’électricité exercent une forte pression sur les coûts. En outre, l’inflation des prix de l’énergie, la hausse des coûts de la logistique spécialisée, l’augmentation des taux de main-d’œuvre qualifiée et les retards liés à la COVID sont à prendre en compte.
Ben Backwell, CEO du Global Wing Energy Council, commente:
« Ce que je vois, c’est une défaillance colossale du marché. Le risque est que nous ne soyons pas sur la voie de l’objectif de zéro [émissions] nettes – et l’autre risque est que la chaîne d’approvisionnement se contracte, au lieu de se développer. »
Le marché de l’éolien en difficulté
Le déploiement des énergies renouvelables est essentiel à la transition énergétique. Toutefois, les fabricants de turbines éprouvent de fortes difficultés à faire des bénéfices, malgré la forte demande.
Selon BloombergNEF, au cours du second semestre de l’année dernière, les fabricants de turbines ont augmenté les prix. Il s’agit de la plus importante hausse depuis 2014. Les promoteurs de parcs éoliens espèrent que la tendance à la baisse des coûts de l’énergie éolienne s’inverse. Cette tendance dure depuis plus de dix ans et est un facteur majeur de son expansion.
En raison des longs délais entre la commande et la livraison, les équipementiers n’ont d’autres choix que d’augmenter les coûts liés à l’inflation, auprès des clients. Ainsi, le prix de vente moyen a augmenté. De plus, une indexation basée sur les coûts dans les nouveaux contrats d’approvisionnement a été mise en œuvre.
En outre, un grand nombre d’équipementiers se doit également de réviser complètement leur portefeuille de produits. Ils doivent aussi réévaluer leur portefeuille de commande déjà existant.
Le but étant, pour les équipementiers, de privilégier les bénéfices ainsi que la certitude politique sur le long terme.
Un marché de l’éolien soutenu par les investissements
Durant le premier semestre, les investissements sur le marché des énergies renouvelables, et donc de l’éolien, ont fortement augmenté. Sur les six premiers mois, ce sont plus de 226 milliards de dollars qui ont été investis, soit 11% d’augmentation en un an.
Albert Cheung, responsable des analyses chez BNEF, explique:
« Les dirigeants politiques reconnaissent de plus en plus que les énergies renouvelables représentent la clef pour atteindre les objectifs de sécurité énergétique et réduire la dépendance aux matières premières volatiles. La demande en faveur des sources d’énergie propre n’a jamais été aussi élevée et nous nous attendons à ce que la crise énergétique mondiale continue d’accélérer la transition énergétique. »
Cependant, les marchés du solaire et de l’éolien souffrent de la hausse des coûts des matériaux et de la perturbation des chaînes d’approvisionnement. Or, l’énergie éolienne est destinée à jouer un rôle crucial dans la transition énergétique. Ainsi, son recul pourrait avoir des conséquences dévastatrices.
Sur les deux dernières années, les pertes enregistrées par les fabricants occidentaux s’élèvent à 3,4 milliards d’euros dont 1,5 milliard au premier trimestre de 2022.
La situation de Siemens Gamesa illustre parfaitement cette tendance. L’entreprise est forcée de revoir à la baisse ses prévisions pour l’année en cours. Elle se dirige vers une marge bénéficiaire de -4%.
Toutefois, les équipementiers peuvent compter sur le marché de l’éolien de l’après-vente. L’activité de services dégage souvent des marges EBIT. En revanche, ce sont les propriétaires d’actifs qui connaissent les marges EBIT moyennes les plus élevées. Ce phénomène s’explique notamment par à la vente d’électricité et par les différents investissements dans les projets.
La Chine se positionne en réel concurrent
Sur le marché de l’éolien, les équipementiers chinois ont dégagé des résultats bien meilleurs que les Occidentaux. En plus, ils continuent de réduire le prix de leurs turbines. Cependant, l’offre chinoise reste encore très localisée. Cela permet d’obtenir de faibles coûts de logistiques.
De plus, les États-Unis ont ralenti la fabrication de turbines, ce qui risque d’affaiblir davantage l’indépendance énergétique du pays. À l’heure actuelle, ils comptent sur un fort approvisionnement en panneaux solaires chinois.
En revanche, la Chine n’a pas été épargnée par la baisse des bénéfices au cours des cinq dernières années. Ainsi, les marges EBIT en 2021 étaient inférieures de 32% par rapport à celle de 2016. Aussi, les risques d’une nouvelle érosion des bénéfices planent toujours sur le marché éolien international.
Illustration par Lita Sutiyut