Le Liberia mobilise $300mn pour son réseau électrique mais reste confronté à un déficit de 51,8%

Malgré une hausse des capacités de production et une baisse des tarifs, le Liberia dépend toujours d’importations d’électricité pour faire face à la demande croissante, en particulier durant la saison sèche.

Partagez:

Le Liberia a renforcé ses capacités électriques au cours des dix dernières années, doublant son taux d’accès à l’électricité pour atteindre 32,5% en 2024, contre 16% en 2014. Sur la même période, le tarif résidentiel a chuté de $0,52/kWh à $0,24/kWh, et la capacité installée est passée de 22 mégawatts (MW) à 126 MW. La part des énergies renouvelables représente aujourd’hui près de 70% de cette capacité. Toutefois, les besoins du pays dépassent largement la production nationale, en particulier durant la saison sèche, lorsque les centrales hydroélectriques fonctionnent à capacité réduite.

Dépendance aux importations et déficit structurel

La Liberia Electricity Corporation (LEC) s’appuie sur l’électricité importée pour combler le déficit d’offre, qui atteint actuellement 50 MW, contre 27 MW deux ans plus tôt. Selon les prévisions officielles, la demande nationale devrait s’élever à 388 MW d’ici 2030. En l’état actuel des infrastructures et des engagements financiers, la production attendue ne devrait pas dépasser 187 MW, laissant un écart de 201 MW à combler.

La faiblesse de l’investissement privé dans le secteur reste un frein, malgré un portefeuille d’environ $300mn majoritairement financé par des fonds publics. Le pays souffre également de disparités importantes entre les zones urbaines et rurales, aggravées par l’insuffisance des infrastructures et des ressources budgétaires.

Initiatives de réforme et encadrement public

Le gouvernement libérien a mis en place plusieurs réformes pour renforcer la gouvernance du secteur, dont l’élaboration d’un Code de gouvernance d’entreprise (Corporate Governance Code) visant à améliorer la transparence et l’efficacité de la gestion publique. La LEC a également développé un système intégré de gestion de l’information pour soutenir la mise en œuvre de ce code.

Depuis 2022, la direction de la LEC est assurée par une équipe locale à temps plein. Cette transition s’est accompagnée de mesures visant à réduire les pertes non techniques, notamment via des campagnes de lutte contre le vol d’électricité et la régularisation des branchements. Les pertes sont ainsi passées de 41,3% en 2022 à 27,5% en 2024.

Objectifs d’accès et appui des institutions multilatérales

Dans le cadre de l’initiative Mission 300, le Liberia vise à raccorder 100 000 foyers supplémentaires par an et à porter l’accès national à 75% d’ici 2030. Cette ambition s’accompagne d’une volonté d’augmenter la capacité de production de 150% et de mobiliser $150mn en capitaux privés. La Banque mondiale soutient déjà le secteur avec un portefeuille actif de $237mn, comprenant le développement d’une centrale solaire de 20 MW et l’extension de la capacité hydroélectrique nationale de 41 MW.

Les institutions financières internationales telles que l’International Finance Corporation (IFC) et la Multilateral Investment Guarantee Agency (MIGA) sont sollicitées pour atténuer les risques et améliorer la bancabilité des projets. Ces efforts visent à attirer des capitaux privés dans les domaines de la production, du transport et de la distribution afin de répondre à la demande projetée pour 2030.