Les tensions entre le gouvernement autonome du Kurdistan d’Irak et le gouvernement central de Bagdad sur la question des exportations pétrolières persistent, bien que les autorités kurdes espèrent une issue favorable « dès que possible ». Depuis mars 2023, les exportations de pétrole du Kurdistan, qui représentaient environ 450 000 barils par jour, sont interrompues suite à un arbitrage international en faveur de Bagdad. Ce jugement impose désormais que les ventes de pétrole du Kurdistan soient supervisées par l’Entreprise pétrolière d’État irakienne (SOMO).
Pour apaiser les tensions, Bagdad a récemment proposé la création d’un organisme consultatif indépendant qui serait chargé de fixer les coûts de production et de transport des hydrocarbures dans le Kurdistan, en collaboration avec les autorités kurdes. Le gouvernement fédéral a provisoirement fixé ces coûts à 16 dollars par baril, contre un tarif de 6 dollars par baril dans le sud du pays, selon un responsable du ministère du Pétrole irakien. Cette mesure, qui devra obtenir le soutien des entreprises pétrolières opérant dans la région ainsi que l’approbation du Parlement irakien, vise à rétablir une coopération pour la commercialisation du brut.
Une perte de revenus massive pour le Kurdistan
Le blocage des exportations de pétrole représente une perte financière importante pour le Kurdistan, estimée à 20 milliards de dollars par l’association APIKUR (Association des Entreprises Pétrolières Internationales au Kurdistan). Ces chiffres traduisent l’impact économique majeur de cette situation pour la région, qui dépend en grande partie des recettes générées par les ventes de pétrole à l’international, notamment par le port turc de Ceyhan.
En septembre, le Kurdistan a manifesté un intérêt pour un arrangement avec Bagdad, alors que les relations financières entre l’Irak et la Turquie, un autre acteur essentiel dans la chaîne d’exportation du pétrole kurde, demeurent complexes. Bagdad a en effet conclu un accord avec la Turquie pour suspendre les exportations kurdes via Ceyhan, une décision qui complique davantage les perspectives économiques du Kurdistan autonome.
Vers une révision des contrats pétroliers
Parmi les défis persistants, la renégociation des contrats des firmes pétrolières internationales constitue un sujet délicat. Ces entreprises, opérant dans le Kurdistan avec des accords anciens, perçoivent une part des volumes produits en plus du recouvrement de leurs coûts de production. Bagdad, qui cherche à imposer un modèle plus standardisé et centralisé, pourrait contraindre ces firmes à accepter des conditions plus alignées sur la politique énergétique irakienne globale.
Yesar Al-Maleki, économiste au Middle East Economic Survey, a qualifié la proposition tarifaire de Bagdad de « pas positif ». Cependant, il souligne que des « questions épineuses » demeurent, notamment concernant la définition des nouveaux termes de contrat entre Bagdad, le Kurdistan et les entreprises concernées. Ce différend met en évidence les défis économiques et politiques qui freinent l’unification des politiques énergétiques en Irak, où les autorités fédérales et régionales peinent à s’accorder sur un modèle commun.