Le Japon possède les troisièmes plus grandes ressources géothermiques au monde, avec près de 23 gigawatts potentiels, mais ne produit que 0,3% de son électricité grâce à cette source d’énergie renouvelable. Les propriétaires des onsens, les bains d’eau chaude traditionnels japonais, constituent l’un des principaux obstacles à leur exploitation.
Des ressources inexploitées
Avec environ 23 gigawatts de ressources géothermiques potentielles, le Japon dispose des troisièmes plus grandes ressources géothermiques au monde, derrière les États-Unis et l’Indonésie. Pourtant, le Japon ne produit que 0,3% de son électricité grâce à cette source d’énergie renouvelable. Le gouvernement japonais s’est fixé pour objectif de produire 1% de son électricité grâce à la géothermie d’ici 2030, mais cela semble peu ambitieux compte tenu du potentiel inexploité du pays.
L’opposition des propriétaires d’onsens
Les propriétaires d’onsens japonais, qui attirent chaque année des millions de visiteurs, s’opposent généralement à l’exploitation de la géothermie. Ils craignent que cela n’affecte la qualité et la quantité de l’eau chaude utilisée dans leurs bains, ce qui pourrait nuire à leur entreprise. Toutefois, la petite ville de Tsuchiyu-onsen a réussi à concilier l’exploitation géothermique avec l’approvisionnement en eau chaude de ses onsens locaux. Cette ville de 300 habitants a construit une petite centrale géothermique en amont du village, au-dessus d’un puits d’eau chaude préexistant et idéalement accessible. Les conditions ont été qualifiées de « miraculeuses » par les responsables locaux, car la centrale n’a pas affecté la qualité ou la quantité d’eau chaude utilisée dans les onsens locaux. Toutefois, peu de villes ont réussi à suivre cet exemple.
Des coûts initiaux élevés et des craintes d’interférences
Les coûts initiaux élevés et les craintes des propriétaires d’onsens sont les principaux obstacles à l’exploitation de la géothermie au Japon. Les propriétaires des onsen refusent souvent de discuter de la possibilité d’un projet géothermique dans leur voisinage, selon Kasumi Yasukawa, une responsable de la division géothermie de l’agence publique japonaise JOGMEC, spécialisée dans la sécurité énergétique du pays. Les projets géothermiques impliquent également des coûts initiaux importants, beaucoup d’incertitudes au départ et de longues procédures administratives. Toutefois, ces dernières années, le gouvernement a levé certaines restrictions et permet désormais d’explorer le potentiel géothermique dans les parcs nationaux, où résident 80% des ressources géothermiques du Japon.
Yoshiyasu Sato, vice-président de l’association japonaise des onsen, estime qu’il est souhaitable que la dynamique pour développer l’énergie géothermique soit stoppée au Japon. Il refuse de la considérer comme une « énergie renouvelable », invoquant des exemples de centrales géothermiques dont la capacité de production a diminué au fil du temps. Les sources d’eau chaude alimentant les onsen sont fragiles, leur débit et leurs températures pouvant ainsi baisser en cas de surexploitation, souligne-t-il. Toutefois, pour Kasumi Yasukawa, ces craintes ne reposent que sur des rumeurs, car si les projets géothermiques exploitent des réservoirs d’eau souterraine (aquifères), la géothermie peut être durable, sans impacter la qualité et la quantité de l’eau pour les onsen.
La géothermie, une énergie mal comprise
Au Japon, la géothermie est mal comprise et peu acceptée. Les communautés locales sont souvent inquiètes quant aux risques sismiques et aux impacts environnementaux. Pourtant, la géothermie offre de nombreux avantages, notamment pour les communautés locales. La centrale géothermique de Tsuchiyu-onsen, par exemple, offre un accès gratuit au bus local pour les enfants et les seniors, soutient ses artisans et rénove des bâtiments désaffectés grâce à la vente de l’électricité générée. Les surplus d’eau chaude de la centrale ont également permis de créer un petit élevage de crevettes d’eau douce, une nouvelle attraction touristique.
Ainsi, le défi pour les partisans de la géothermie est de convaincre les communautés locales des avantages économiques et environnementaux de cette source d’énergie renouvelable, tout en prenant en compte les préoccupations des propriétaires d’onsen.