Après le désastre nucléaire de Fukushima en 2011, qui avait entraîné l’arrêt de l’ensemble des 54 réacteurs nucléaires du Japon, le pays amorce un nouveau tournant énergétique avec la relance du réacteur numéro deux de la centrale d’Onagawa, située dans le département de Miyagi, voisin de Fukushima. Cette reprise, supervisée par l’opérateur Tokyo Electric Power Company (Tepco), marque la première réactivation dans cette région depuis la catastrophe, renforçant l’importance de l’énergie nucléaire dans le mix énergétique nippon.
L’urgence de la transition énergétique au Japon
Depuis 2011, pour combler la chute de production d’énergie nucléaire, le Japon a massivement augmenté ses importations de combustibles fossiles, notamment le charbon, le gaz et le pétrole. Cependant, avec la volonté de réduire ses émissions de gaz à effet de serre, Tokyo se tourne à nouveau vers le nucléaire et les énergies renouvelables, afin de limiter sa dépendance aux énergies polluantes. Actuellement, avec l’un des mix énergétiques les plus polluants parmi les pays du G7, le Japon souhaite que 20 à 22 % de son électricité provienne du nucléaire d’ici à 2030, contre moins de 10 % aujourd’hui.
Une sécurité renforcée face aux catastrophes naturelles
Le réacteur d’Onagawa, autorisé à redémarrer dès 2020, est doté de nouvelles mesures de protection, dont un mur anti-tsunami érigé à 29 mètres au-dessus du niveau de la mer, l’un des plus élevés au Japon. Ce dispositif vise à prévenir les risques de défaillance électrique et d’inondation, qui avaient gravement endommagé la centrale de Fukushima Daiichi en 2011. Ce séisme et le tsunami qui avaient suivi avaient fait plus de 18 000 morts et disparus, paralysant les pompes de refroidissement de Fukushima et entraînant la fusion de plusieurs réacteurs.
Un modèle de réacteur identique à celui de Fukushima
Le réacteur d’Onagawa utilise un modèle de réacteur à eau bouillante (REB), le même type que celui en activité à Fukushima au moment de l’accident. C’est la première fois qu’un tel réacteur est relancé depuis 2011, reflétant l’évolution des normes de sécurité nucléaire japonaises. Ces nouvelles normes ont été imposées pour chaque réacteur relancé depuis, afin de prévenir tout risque similaire à celui de Fukushima, et font l’objet de surveillances continues par les autorités de régulation japonaise.
Perspectives énergétiques et économiques
Pour Yoshimasa Hayashi, porte-parole du gouvernement, ce redémarrage est essentiel dans le cadre des objectifs climatiques du Japon, mais également pour soutenir la croissance économique en garantissant une production électrique stable et décarbonée. Actuellement, la part des énergies renouvelables dans le mix japonais est prévue pour passer de 20 % à 36-38 %, tandis que celle des combustibles fossiles devrait diminuer de deux tiers à environ 41 %. Cependant, un rapport du groupe de réflexion E3G place le Japon en dernière position parmi les pays du G7 en matière de décarbonisation de son système électrique, révélant les nombreux défis que le pays doit encore surmonter pour atteindre ses objectifs de transition énergétique.