Le gouvernement japonais encourage la sécurisation rapide de sources alternatives de GNL. D’après une source du ministère japonais de l’économie, commerce et industrie, le besoin de trouver des alternatives au GNL russe est une priorité.
Depuis l’invasion russe en Ukraine en février, le Japon cherche à rompre sa dépendance énergétique sur la Russie. Le gaz est l’énergie la plus utilisée du pays, avec environ 9% provenant de la Russie.
Une nouvelle perturbation pour le GNL russe
En plus de la crise énergétique, une nouvelle perturbation importante se présente actuellement. Le premier juillet, la Russie annonçait un changement radical du site Sakhalin 2. Ce projet de GNL à l’est de la Russie est la source principale de GNL russe pour le Japon. Jusqu’à récemment, Sakhalin 2 était en partie possédé par plusieurs entreprises énergétiques japonaises en plus d’acteurs occidentaux comme Shell. Ceci dit, le président russe Vladimir Poutine prévoit dorénavant de transférer l’entièreté des droits et obligations du projet à une nouvelle compagnie russe.
Le rôle des parties prenantes étrangères, en particulier japonais et anglo-néerlandais reste donc flou à ce jour. Les groupes japonais Mitsui et Mitsubishi, qui détenaient environ 23% des droits cumulés, indiquent qu’ils étudient encore leurs options. Vladimir Poutine justifie sa décision par les « actions des États-Unis et pays étrangers et organisations alliés qui sont hostiles et incompatibles avec le droit international ».
Cette nouvelle décision indique que les compagnies étrangères ont un mois pour communiquer leur accord pour le transfert. Donnant suite au choix du Kremlin d’évaluer ces accords. La possibilité pour ces compagnies d’avoir des actions équivalentes dans la nouvelle entreprise russe manque encore de clarté. Si elles ne communiquent aucun accord, alors leurs parts seront vendues. Les profits de ces ventes seront ensuite envoyés dans une multitude de banques russes.
Un obstacle additionnel dans une situation déjà difficile
Pour le Japon, cette nouvelle perturbation du marché du GNL est particulièrement problématique. Le pays se trouve actuellement en situation de pénurie énergétique. Ce manque énergétique s’explique par plusieurs facteurs. Premièrement, le prix des énergies fossiles est en hausse et ce, depuis plusieurs mois. Cela est par conséquent contraignant pour le Japon qui dépend encore grandement du gaz et du charbon.
Deuxièmement, le pays cherche naturellement à se séparer des apports d’énergies russes de par le conflit géopolitique actuel. Cette réponse est alignée avec la réaction internationale face au conflit.
Enfin, le Japon pousse pour une accélération de la décarbonation du mix énergétique. Afin de combattre le dérèglement climatique, le pays souhaite réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Pour cela, le gouvernement diminue sa production et consommation de charbon. Cela se traduit donc par la fermeture de nombreuses centrales à charbon à travers le pays.
Cependant, le Japon peine à compenser cette réduction de production énergétique avec des sources plus propres. Les énergies renouvelables japonaises s’étendent, mais encore trop lentement. De plus, bien que le pays commence tout juste à réinvestir dans le nucléaire, ce dernier reste encore très faible, avec à peine 3% du mix énergétique. Ces 3% en plus des 10% venant des énergies renouvelables, restent bien en dessous des 27% représentés par le charbon.
Pour ne rien arranger, le Japon connaît une canicule. En effet, l’entièreté de la saison devrait rester très chaude. En plus des effets sur la santé de la population, la demande énergétique monte afin de combattre la chaleur.
La déstabilisation du projet Sakhalin 2 accroît donc l’insécurité énergétique japonaise, poussant donc pour une accélération accrue de la quête pour des sources alternatives de GNL.