Le Japon est en voie de s’imposer comme le principal acteur du commerce du dioxyde de carbone capturé (CO2) dans la région Asie-Pacifique (APAC) d’ici 2050, selon une récente analyse de Wood Mackenzie. Avec des émissions de gaz à effet de serre représentant environ 7 % des émissions d’Asie de l’Est et 2,5 % du total mondial, l’accent mis sur la réduction des émissions dans les secteurs industriels et énergétiques est devenu une priorité pour le pays.
La technologie de capture, d’utilisation et de stockage du carbone (CCUS) est cruciale pour les secteurs dits « difficiles à décarboner », comme l’acier et l’énergie. D’ici 2050, la capacité de capture du Japon devrait atteindre 55 millions de tonnes par an (Mtpa) dans le scénario de base. Cependant, avec une capacité de stockage limitée, environ 80 % du carbone capté sera transporté vers d’autres pays pour être séquestré, plaçant ainsi le Japon au cœur des opportunités de transport transfrontalier de carbone dans la région.
Le gouvernement japonais joue un rôle clé dans cette transition. Lors du Sommet CCUS du Japon en 2024, Hetal Gandhi, responsable CCUS pour la région APAC chez Wood Mackenzie, a souligné que le Japon devance la majorité des pays de la région en matière d’efficacité des politiques, selon l’indice de l’institut. Toutefois, malgré cette avance, le pays reste en retard par rapport à l’Amérique du Nord et à l’Europe, où les incitations financières sont plus développées et les cadres réglementaires plus stables.
Investissements gouvernementaux nécessaires
Pour soutenir la mise en œuvre des technologies CCUS au Japon, des investissements massifs sont indispensables. Selon les prévisions de Wood Mackenzie, le développement de la technologie de capture du carbone nécessitera un investissement global estimé à 1 000 milliards de dollars d’ici 2050, dont 60 % seront alloués aux technologies de capture. Pour l’APAC, un soutien gouvernemental de 150 milliards de dollars sera requis d’ici 2050 pour atteindre les capacités de capture prévues, couvrant environ 30 % des investissements.
Dans le cas du Japon, le soutien gouvernemental minimum devrait atteindre 10 milliards de dollars d’ici 2050, en supposant que le prix du carbone atteigne 69 dollars par unité d’ici cette même échéance. Cela permettra de soutenir les secteurs industriels à forte intensité carbone, tels que la sidérurgie et la production d’électricité, qui sont les principaux contributeurs aux émissions du pays.
Enjeux du transport transfrontalier du CO2
Un des défis majeurs pour le Japon réside dans l’absence de sites de stockage domestiques de grande capacité, obligeant le pays à transporter une part importante du CO2 capturé vers d’autres pays. Ce transport transfrontalier est coûteux, avec une augmentation d’au moins 25 % des frais par rapport à un stockage national. Pour atténuer ces coûts, le Japon devra développer un cadre réglementaire et des accords avec des partenaires régionaux, tels que l’Indonésie, la Malaisie et l’Australie, pour faciliter les échanges transfrontaliers de CO2.
Hetal Gandhi a conclu que, outre le soutien financier, la création d’un écosystème propice au commerce international du carbone sera essentielle pour la réussite du Japon dans ce domaine. La coopération avec les autres pays de l’APAC sera cruciale pour établir des lignes directrices harmonisées pour le transport et la séquestration du CO2.