Les décès de civils en Ukraine poussent le Japon à considérer une interruption des importations de carburant russe. Dans ce contexte, le Japon cherche donc à constituer des réserves suffisantes pour anticiper une telle mesure.
Le Japon à la recherche d’un équilibre
Le Japon, naturellement pauvre en ressources, s’est pourtant joint aux sanctions occidentales contre la Russie. Le Premier ministre, Fumio Kishida, a en effet annoncé l’interdiction du charbon russe et d’autres sanctions. La pression occidentale pour sanctionner la Russie augmente à mesure que les allégations de crime de guerre se multiplient.
M. Kishida cherche donc à trouver un équilibre entre sécurité énergétique et application de sanctions sévères. Dans cette dynamique, il a demandé aux compagnies d’électricité de s’assurer qu’elles disposent de 3 semaines de réserves. Il les a également exhortées à se vendre mutuellement du gaz plutôt que de l’offrir à l’étranger, selon une source de Reuters.
Les responsables du ministère discutent également des mesures relatives au GNL avec les représentants de l’industrie. Précisons que ces mesures resteront modestes. Le GNL russe ne représente que 3 % de la production totale d’électricité au Japon. Toutefois, la capacité de production au Japon a été mise à rude épreuve après la fermeture des centrales nucléaires suite à l’incident de Fukushima. Le gouvernement doit donc se montrer prévoyant vis-à-vis de la situation actuelle.
Un approvisionnement incertain
Le Japon vise donc à réduire sa dépendance à l’égard de l’énergie russe. Toutefois, M. Kishida a précisé qu’il continuera à importer des carburants des projets Skhaline dans l’Extrême-Orient russe puisque le gouvernement et les entreprises japonaises détiennent des participations dans ces projets. La possibilité pour le Japon de maintenir le flux de gaz de Sakhaline est toutefois devenue moins certaine depuis que la Russie a menacé de couper le gaz aux pays européens « inamicaux » à moins qu’ils ne paient en roubles.
De plus, certains pays européens peuvent stocker du gaz naturel dans des gisements de gaz épuisés ou des cavernes souterraines. Le Japon, lui, doit conserver le GNL dans des entrepôts en surface. Ces terminaux ne peuvent stocker le combustible que pendant trois semaines environ.
Ainsi, l’approvisionnement en gaz naturel semble compromis au Japon. Le pays va donc devoir mettre en place des alternatives pour assurer sa sécurité énergétique.
Quelles alternatives pour le Japon ?
Face à l’incertitude croissante concernant les importations en provenance de Russie, les services publics japonais ont commencé à chercher des moyens de remplacer le gaz russe. Kensuke Matsufuji, président de Hiroshima Gas Co, s’exprime à ce sujet :
« Au cas où il serait impossible de l’obtenir [le GNL de Sakhaline], nous chercherons d’autres sources ou nous en procurerons auprès d’autres sociétés ».
Cette société, à titre d’exemple, obtenait jusqu’à aujourd’hui 50 % de son GNL en Russie. Selon son porte-parole, elle serait en discussion pour acheter du gaz ailleurs, notamment en Malaisie.
Tokyo Gas Co, qui obtient un dixième de son GNL de Russie, essaie également d’acheter davantage de gaz directement auprès des producteurs. La firme cherche à éviter les marchés au comptant, où le gaz est environ cinq fois plus cher. D’après son président, Takashi Uchida, la société a approché des producteurs de GNL aux États-Unis mais n’a pas encore obtenu d’engagement pour une augmentation des livraisons.