La demande énergétique du Japon a connu une hausse exceptionnelle en raison d’un été particulièrement chaud, poussant le pays à accroître ses importations de charbon à des niveaux inédits depuis vingt mois. En septembre, le Japon a importé 15,90 millions de tonnes de charbon, soit une augmentation de 17,35 % par rapport à l’année précédente, selon les dernières données du ministère japonais des Finances.
Les températures ont atteint des records à travers l’archipel avec une moyenne mensuelle de 2,52 degrés Celsius au-dessus de la normale, d’après l’Agence météorologique du Japon. Cette chaleur persistante a stimulé la demande d’électricité, obligeant les centrales à charbon à renforcer leurs stocks pour pallier les besoins en climatisation. De nombreux opérateurs électriques ont ainsi acheté des cargaisons supplémentaires à charger en novembre, pariant sur une demande accrue jusqu’à la fin de l’année.
La diversification des fournisseurs de charbon
Bien que l’Australie demeure le principal fournisseur de charbon du Japon avec 10,5 millions de tonnes importées en septembre, représentant une hausse de 18,2 % en glissement annuel, le Japon s’est également tourné vers d’autres pays. La montée des prix du charbon australien et les limitations de stocks ont incité les acheteurs japonais à rechercher des alternatives, notamment en Afrique du Sud et en Colombie.
Selon les données douanières japonaises, les importations depuis la Colombie ont augmenté de 143,35 % en septembre pour atteindre 147 538 tonnes, tandis que celles en provenance d’Afrique du Sud ont progressé de 16,63 % pour s’établir à 239 808 tonnes. Ces achats s’inscrivent dans une stratégie visant à diversifier les sources d’approvisionnement et ainsi minimiser les risques liés aux fluctuations de prix du charbon à haute valeur calorifique en provenance de Newcastle, Australie.
Les effets des sanctions et la baisse de l’offre russe
Les restrictions croissantes sur les entités russes du secteur du charbon et la réduction des disponibilités sur la côte Est ont également contribué à cette réorientation des importations japonaises. Les volumes en provenance de Russie ont chuté de 34,2 % en septembre, atteignant 107 970 tonnes. En parallèle, le Japon a importé pour la première fois des cargaisons en provenance de nouveaux fournisseurs tels que le Kazakhstan, le Pérou et la Nouvelle-Zélande, des pays qui n’avaient pas exporté de charbon vers le Japon durant le même mois l’année dernière.
L’entreprise JERA, principal producteur d’électricité japonais, s’est appuyée sur le charbon sud-africain depuis cet été, suite à une production nucléaire inférieure aux prévisions. En septembre, JERA a relancé une unité de production de charbon de 650 MW dans sa centrale thermique de Yokosuka afin de renforcer sa capacité d’approvisionnement.
Les défis de la qualité pour le charbon sud-africain
Malgré l’attractivité des prix du charbon sud-africain, les acheteurs japonais se montrent prudents quant à la régularité de sa qualité. Certains producteurs sud-africains ont su répondre aux normes exigeantes du Japon, mais la constance de cette qualité reste un défi pour ce pays cherchant à concurrencer l’Australie sur ce marché exigeant.
Un négociant basé en Afrique du Sud a ainsi expliqué que bien que le charbon sud-africain attire les acheteurs japonais, l’adoption à grande échelle pourrait nécessiter plusieurs années de mise aux normes pour répondre pleinement aux attentes japonaises.
Le prix moyen du charbon FOB Richards Bay pour une valeur calorifique de 5 500 kcal/kg s’est établi à 88,60 dollars par tonne entre janvier et octobre, en baisse par rapport aux 101,07 dollars enregistrés pour la même période l’année précédente, selon Platts, une filiale de Commodity Insights.
Préparation pour l’hiver et sécurisation de l’approvisionnement
Avec l’hiver approchant, le Japon cherche à stabiliser ses approvisionnements en charbon thermique pour répondre aux besoins énergétiques tout en atténuant les risques de fluctuations de prix et d’approvisionnement. La stratégie de diversification de ses fournisseurs, en intégrant des acteurs alternatifs, vise à garantir un approvisionnement fiable à un coût abordable dans un contexte mondial de prix volatils.