Le gouvernement japonais prévoit de renforcer le rôle des contrats à terme sur l’électricité en imposant aux distributeurs de sécuriser entre 50 % et 70 % de leur approvisionnement jusqu’à trois ans à l’avance. Ce projet, qui pourrait s’appliquer dès l’exercice 2030, vise à stabiliser les prix et à offrir aux producteurs une meilleure visibilité pour l’achat de combustibles et les décisions d’investissement.
Un marché en transition après l’expiration des contrats JERA
La dynamique du marché est déjà influencée par l’expiration prévue en mars des contrats de dix ans entre le producteur JERA et les filiales de Tokyo Electric Power Company Holdings et Chubu Electric Power Company. À partir de cette date, JERA sera tenu de proposer son électricité à l’ensemble des distributeurs, soit via des accords bilatéraux, soit sur le marché spot, ouvrant la voie à une intensification du recours aux produits dérivés pour se couvrir contre les fluctuations de prix.
Le volume des échanges devrait croître de manière significative, attirant non seulement les acteurs énergétiques domestiques, mais aussi les institutions financières internationales. Le marché pourrait atteindre un volume de 2 500 térawattheures d’ici 2030, selon plusieurs analystes, soit un niveau comparable aux plus grands marchés mondiaux.
Une montée en puissance sur les plateformes EEX et TOCOM
Sur les neuf premiers mois de l’année, le volume d’échange sur la plateforme EEX Japan, filiale de European Energy Exchange, a doublé pour atteindre 102,52 térawattheures, soit plus de 20 fois le niveau observé en 2021. Dans le même temps, la Tokyo Commodity Exchange (TOCOM) a vu ses volumes multipliés par sept à 3,96 térawattheures, en forte hausse par rapport aux niveaux de 2020.
Le directeur général de JERA Global Markets, Hisaki Endo, a indiqué que l’entreprise utilise ces instruments pour gérer ses risques, ajoutant que ses équipes de trading devraient doubler de taille à moyen terme.
Un potentiel de croissance encore sous-exploité
Aujourd’hui, le volume des contrats à terme représente environ 0,2 fois la consommation annuelle d’électricité au Japon, contre un ratio de 12 à 13 en Allemagne. Cette marge de progression est accentuée par le fait que le pays ne peut pas importer d’électricité de pays voisins, ce qui renforce le besoin d’un marché intérieur robuste.
L’European Energy Exchange a récemment élargi son offre avec des produits alignés sur l’année fiscale japonaise. De son côté, TOCOM prévoit le lancement de nouveaux contrats pour la région du Chūbu ainsi qu’un service de lien entre le marché spot de la Japan Electric Power Exchange et les contrats à terme.
Une évolution liée à d’autres réformes structurelles
Toutefois, la croissance du marché pourrait dépendre d’autres initiatives, notamment le lancement en 2028 d’un marché physique à moyen et long terme et l’entrée dans une seconde phase du système national de quotas d’émissions carbone dès l’année prochaine.
Le directeur général de EEX Japan, Bob Takai, a indiqué que l’incertitude autour du prix des quotas d’émission pourrait freiner certains acteurs, tandis que les contours du futur marché physique ne sont pas encore finalisés. Selon lui, ce nouveau dispositif pourrait soit compléter, soit concurrencer les contrats à terme existants, en fonction de sa structure.