Le président du Guyana, Mohamed Irfaan Ali, a appelé à une résolution pacifique du différend territorial avec le Venezuela concernant la région de l’Essequibo, une zone de 160 000 km² administrée par Georgetown mais revendiquée par Caracas. Cette déclaration intervient dans un contexte marqué par une recrudescence des tensions, après l’incursion d’un navire militaire vénézuélien dans les eaux contestées au début du mois.
L’armée vénézuélienne a démenti toute violation du territoire guyanien, affirmant avoir simplement mené une mission de surveillance. Peu après, le gouvernement vénézuélien a annoncé son intention d’organiser des élections régionales dans l’Essequibo, initiative immédiatement contestée par le Guyana devant la Cour internationale de justice (CIJ).
Un différend historique ravivé par les hydrocarbures
La revendication vénézuélienne sur l’Essequibo remonte à plus d’un siècle, mais la découverte en 2015 de vastes gisements pétroliers offshore a considérablement intensifié les tensions. ExxonMobil et ses partenaires ont engagé d’importants investissements dans le développement de ces ressources, faisant du Guyana l’un des pays avec les réserves de pétrole brut per capita les plus élevées au monde.
En avril 2024, Georgetown a attribué une nouvelle licence d’exploitation à ExxonMobil pour le bloc Stabroek, une décision qualifiée d’illégale par Caracas. Le gouvernement vénézuélien considère que toute attribution de concessions dans cette région est inadmissible tant que le différend territorial n’est pas résolu.
Appel au respect du droit international
Lors de son intervention à la conférence CERAWeek sur l’énergie, Mohamed Irfaan Ali a exhorté son homologue vénézuélien, Nicolás Maduro, à respecter la future décision de la CIJ. Georgetown insiste sur la nécessité d’un cadre juridique clair pour sécuriser les investissements énergétiques dans la région contestée.
Le Guyana maintient que l’exploitation des ressources pétrolières dans ses eaux relève de sa souveraineté et accuse Caracas de chercher à saper la stabilité régionale. De son côté, le Venezuela rejette la compétence de la CIJ, compliquant ainsi toute résolution par la voie judiciaire.
Un enjeu économique et stratégique
Le secteur pétrolier du Guyana a connu une croissance rapide, porté par des projets d’extraction en eaux profondes. ExxonMobil et ses partenaires ont déjà récupéré une part substantielle des investissements réalisés sur le bloc Stabroek, et le pays envisage une expansion de ses capacités de production.
Le projet Longtail, récemment annoncé, devrait permettre une production de 1,5 milliard de pieds cubes de gaz naturel par jour et 290 000 barils de condensat par jour. Ces développements renforcent l’importance stratégique du Guyana dans l’industrie énergétique, tout en alimentant la rivalité avec le Venezuela.
La situation reste incertaine, avec des implications économiques et géopolitiques majeures pour la région.