L’Inde se prépare à l’entrée en vigueur cette semaine de droits de douane américains de 50% sur ses exportations vers les États-Unis. La décision de Washington vise à sanctionner New Delhi pour ses importations de pétrole russe, considérées comme un soutien indirect au financement de la guerre en Ukraine. Le président américain Donald Trump a confirmé que la mesure prendrait effet mercredi, sauf décision de dernière minute.
Un marché vital menacé
Les États-Unis représentent la première destination des exportations indiennes, pour un total de 87,3 milliards $ en 2024 selon les données commerciales. Une hausse tarifaire de 50% équivaut à un quasi-embargo sur les produits indiens à faible marge, d’après les analystes du groupe financier Nomura. Garima Kapoor, de la société Elara Securities, a estimé qu’aucune entreprise indienne ne pourrait conserver d’avantage compétitif face à une telle barrière.
Les secteurs du textile, des fruits de mer et de la joaillerie font déjà état d’annulations massives de commandes américaines, au profit de concurrents du Bangladesh et du Vietnam. Selon les prévisions de S&P Global, la mesure pourrait retrancher entre 70 et 100 points de base au produit intérieur brut (PIB) de l’Inde, ramenant sa croissance sous 6%, soit son plus bas niveau depuis la pandémie de Covid.
Pharmacie et électronique temporairement préservées
Certaines filières, notamment la pharmacie et l’électronique, échappent pour l’instant aux droits de douane. La production d’iPhones en Inde pour le groupe Apple a été explicitement exclue de la décision américaine. Cette exemption limitée pourrait réduire partiellement l’impact économique, mais les experts considèrent que l’essentiel du commerce bilatéral restera touché.
Washington justifie cette sanction en accusant l’Inde d’agir comme un « bureau mondial de blanchiment du pétrole russe », selon les termes de Peter Navarro, conseiller de la Maison Blanche pour le commerce. Le ministre indien des Affaires extérieures, Subrahmanyam Jaishankar, a répondu que les importations indiennes stabilisaient les prix mondiaux du brut et qu’elles étaient connues et acceptées de Washington depuis 2022.
Un rapprochement avec la Chine et les BRICS
Face à ces mesures, New Delhi a intensifié ses contacts diplomatiques avec ses partenaires des BRICS (Brésil, Russie, Chine, Afrique du Sud). Le Premier ministre Narendra Modi doit se rendre à Pékin cette semaine, tandis que des mesures de soutien aux exportateurs indiens, d’un montant de 2,8 milliards $, sont en préparation. Le gouvernement envisage également des réductions de taxes sur des biens de première nécessité afin de préserver la consommation intérieure.
Les négociations bilatérales entre Washington et New Delhi restent au point mort, les discussions butant sur l’accès au marché agricole et laitier indien. Les autorités américaines ont annulé une visite prévue de leurs négociateurs en Inde, mais Subrahmanyam Jaishankar a affirmé que « les négociations continuent », sans donner d’indication sur une éventuelle issue rapide.