A quoi devra ressembler la France en 2030 si le pays veut remplir son objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 50% d’ici 2030 par rapport à 1990? De nouveaux éléments chiffrés viennent d’être publiés par le secrétariat général à la planification écologique (SGPE) du gouvernement.
Un avenir écologique prometteur : la feuille de route 2030 pour réduire les émissions de gaz à effet de serre
La stratégie complète de la planification écologique, secteur par secteur, sera présentée « à la fin de l’été », a rappelé lundi Emmanuel Macron dans un entretien sur TF1 et France 2 en affirmant qu’elle devra permettre au pays de répondre à ses objectifs climatiques tout en « renforçant » son indépendance et en créant des emplois.
Des objectifs seront donnés à chaque secteur, ainsi que des moyens, a-t-il affirmé: « Dans l’écologie, plusieurs milliards d’euros » seront investis dès l’an prochain, a ajouté le président en citant notamment l’ouverture d’usines de batteries électriques, d’éoliennes en mer, de panneaux solaires, le développement de l’industrie circulaire (recyclage) et la « structuration des professionnels » dans la rénovation thermique des bâtiments.
Le but: faire baisser les émissions de gaz à effet de serre de la France de 403,8 millions de tonnes de CO2 équivalent (Mt CO2e) en 2022 à 270 millions en 2030. Le nouveau « tableau de bord » publié par le SGPE répartit ces économies de façon plus fine qu’auparavant.
Vers une transition énergétique ambitieuse : objectifs et défis pour les secteurs clés
C’est le plus gros potentiel de réduction selon le gouvernement. La part totale des énergies renouvelables dans l’ensemble de la production électrique devra passer de 26% à 34% d’ici 2030. L’énergie solaire devra être multipliée par trois, l’éolien offshore par près de quatre, tandis que l’éolien terrestre devra progresser de plus 55%. Le biogaz devra passer de 8 térawatt-heures en 2020 à 50 en 2030. Les usines sidérurgiques d’acier, de ciment ou d’autres industries primaires devront fortement réduire leurs émissions, via notamment le captage de CO2, une technologie encore embryonnaire, mais pas seulement.
Les 50 sites les plus émetteurs hors raffinage devront ainsi passer de 43 Mt CO2e émis en 2022 à 25, et le reste de l’industrie de 33 à 20. Les objectifs de réduction des émissions des activités de raffinage, particulièrement polluantes, ne sont pas précisés.
Le tertiaire devra aussi apprendre à se passer de fioul (plus de 80% de baisse demandée) et de gaz (environ -40%) via ses chaudières, alors que le gouvernement français s’interroge sur l’opportunité d’interdire l’installation de toute nouvelle chaudières à gaz neuves.
Transition des transports et rénovation énergétique des bâtiments : objectifs ambitieux pour 2030
Le gouvernement prévoit que 66% des voitures neuves vendues en 2030 soient électriques, contre 15% aujourd’hui (en 2035, selon une loi européenne, ce sera 100%). Le gouvernement table sur une explosion du covoiturage, source énorme d’économies: alors que le nombre de trajets covoiturés par jour est en 2023 de 21.000, il devra passer à 196.000 en 2030.
Le nombre de pistes cyclables devra atteindre 150.000 kilomètres en 2030 contre 61.000 à fin 2023, tandis que les parts des voyages effectués en train et en transports en commun urbains devront également croître, de 20 milliards de km-voyageurs pour le premier et de 15 milliards pour le second. Le gouvernement reconnaît que le trafic aérien ne pourra guère qu’être maîtrisé: en métropole, il passera de 237 milliards de passagers kilomètres transportés en 2019 à 265 en 2030 (une hausse un peu moindre qu’entre 2015 et 2019).
Les émissions annuelles domestiques du secteur du bâtiment vont devoir être réduites de plus de moitié, avec deux grands leviers. D’une part, le gouvernement espère voir décupler le nombre de rénovations globales de logements via MaPrimeRenov, jusqu’à 900.000 par an en 2030. D’autre part, la part des résidences principales chauffées au fioul devra être divisée par trois entre 2020 et 2030, pour atteindre 3,6%. Quant à l’avenir des chaudières à gaz dans le résidentiel, le gouvernement se garde de toute prévision publique.
Cultures vertes et élevage responsable : vers une agriculture écologiquement durable
Le secrétariat anticipe 21% de surfaces en bio en 2030 contre 11% en 2022, ce qui réduira les volumes d’engrais azotés (dont l’ingrédient principal est le gaz fossile). Autres leviers: moins de tracteurs au diesel, et le doublement des cultures de légumineuses. Concernant l’élevage, les émissions de méthane (les rots de vaches) devront être ramenées à 32,5 millions de tonnes par an contre 36,9 en 2022. Mais aucun objectif de réduction de la consommation de viande n’est donné…
Et la suite ? Ces premiers indicateurs « seront complétés, dans le courant de l’année, par des indicateurs plus complets, pour couvrir les autres enjeux de la planification écologique (biodiversité, adaptation, ressources naturelles, etc) », précise le SGPE.