Le Ghana adopte une stratégie énergétique axée sur l’augmentation de l’utilisation de gaz naturel domestique dans la production électrique, selon un rapport publié par la société de conseil Deloitte. Cette réforme, intégrée au Budget 2026, prévoit un remplacement progressif des carburants importés par du gaz extrait localement, dans le but de réduire jusqu’à 75 % les coûts de génération.
Intitulée « Gas-to-Power Transformation », la stratégie vise à diminuer la dépendance du pays aux produits pétroliers utilisés dans ses centrales thermiques. En 2023, le Ghana a généré 24 264 GWh d’électricité, dont 61,53 % issus de centrales thermiques principalement alimentées au fioul et au pétrole léger, selon des données publiées en décembre 2024. L’hydroélectricité représentait 37,86 % du total, tandis que les autres sources renouvelables ne comptaient que pour 0,61 %.
Renforcement des livraisons de gaz domestique
Le succès de cette réorientation repose sur l’augmentation des volumes issus des gisements nationaux. En 2025, la production combinée des champs Jubilee et TEN est passée de 110 à 130 millions de pieds cubes standards par jour (MMscfd). Le projet OCTP, opéré par ENI et Vitol, a également accru sa capacité de traitement de 240 à 270 MMscfd. Des contrats supplémentaires ont été signés pour assurer la livraison de 150 MMscfd destinés aux centrales électriques.
Ce recentrage sur le gaz s’inscrit dans une démarche de rationalisation budgétaire dans un secteur où les charges pèsent lourdement sur les finances publiques. Le recours au gaz, dont le coût est inférieur à celui des produits pétroliers importés, doit permettre une transition progressive des centrales vers une source plus accessible et financièrement soutenable.
Pression croissante sur les finances publiques
Le Fonds monétaire international (FMI) anticipe un déficit structurel du secteur énergétique atteignant $2,2 milliards d’ici fin 2025. Le Budget 2025 prévoit une enveloppe de 27,1 milliards de cedis (environ $1,7 milliard) pour couvrir ce déséquilibre, lié aux coûts élevés de production et aux dettes accumulées du secteur.
Les revenus générés par les activités pétrolières et gazières sont également en recul. Entre janvier et septembre 2025, les recettes ont atteint seulement 5,9 milliards de cedis ($530 millions), soit moins de la moitié des 12,4 milliards de cedis ($1,116 milliard) initialement projetés.
Des conditions réglementaires encore incertaines
Deloitte souligne toutefois plusieurs incertitudes concernant la mise en œuvre du programme. Des retards d’infrastructure, une fiabilité encore limitée de l’approvisionnement en gaz et des modalités de financement insuffisamment définies pourraient freiner les effets escomptés. Le rapport insiste sur la nécessité pour l’État de garantir l’ensemble des engagements liés au gaz, en particulier l’approvisionnement constant de 70 MMscfd aux centrales, jugé essentiel pour alléger la dette structurelle du secteur et stabiliser les coûts sur le long terme.