Le Ghana explore de nouvelles options pour réduire ses coûts d’importation de carburant, en cherchant à remplacer une partie de ses importations en provenance d’Europe par un approvisionnement régional, au Nigeria. Actuellement, le pays dépend principalement de fournisseurs européens, ce qui entraîne des coûts logistiques élevés liés au transport maritime, en particulier depuis Rotterdam. Ces coûts contribuent significativement aux dépenses énergétiques globales du Ghana, qui s’élèvent à environ 400 millions de dollars par mois.
Lors de la conférence OTL Africa Downstream organisée à Lagos, Mustapha Abdul-Hamid, président de la National Petroleum Authority (NPA) du Ghana, a évoqué la possibilité d’un approvisionnement en carburant depuis la raffinerie Dangote. Située au Nigeria, cette raffinerie est l’une des plus grandes d’Afrique, avec une capacité de production prévue de 650 000 barils par jour (b/j) une fois pleinement opérationnelle. Abdul-Hamid a indiqué que ce projet pourrait permettre au Ghana de réduire ses coûts d’importation en s’appuyant sur une source régionale de produits pétroliers, rendant ainsi le secteur énergétique ghanéen plus résilient face aux fluctuations des coûts internationaux.
Avantages économiques pour le Ghana
La proximité de la raffinerie Dangote pourrait offrir au Ghana une alternative rentable aux fournisseurs européens, en diminuant les frais de transport et en réduisant la dépendance vis-à-vis du marché européen. Si le Ghana s’oriente vers cette option, il est possible de réduire les prix des carburants et des produits de première nécessité, dont les coûts de transport influencent le prix final pour les consommateurs.
La raffinerie Dangote devrait atteindre sa pleine capacité d’ici début 2025, et pourrait alors approvisionner non seulement le marché nigérian, mais aussi plusieurs autres marchés en Afrique. Avec cette nouvelle source de carburant, le Ghana espère limiter l’usage des devises étrangères dans ses transactions, un défi important pour de nombreux pays africains dont les réserves de devises sont souvent sollicitées pour les importations de produits essentiels. Abdul-Hamid a souligné que cette stratégie pourrait favoriser une économie plus stable pour le Ghana, tout en profitant des infrastructures régionales pour une gestion optimale des ressources énergétiques.
Impact potentiel sur la région
Le projet Dangote pourrait générer des effets positifs au-delà des frontières du Ghana. Le Nigeria, à travers cette raffinerie, se positionnerait comme un fournisseur clé pour le marché ouest-africain, créant un réseau d’approvisionnement énergétique au niveau régional. Cela favoriserait une interconnexion énergétique entre les pays d’Afrique de l’Ouest, un objectif soutenu par des organisations comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Abdul-Hamid a évoqué la possibilité de réduire la dépendance aux devises étrangères pour les transactions énergétiques en Afrique. À long terme, certains experts envisagent la création d’une monnaie commune pour les échanges intra-africains dans le secteur énergétique. Bien que ce projet soit encore théorique, il montre la volonté croissante des pays africains de renforcer leur indépendance énergétique et d’optimiser leurs relations commerciales régionales.
Perspectives et limites
La réussite de ce partenariat potentiel entre le Ghana et la raffinerie Dangote dépendra de plusieurs facteurs, notamment la stabilité politique et économique de la région, la gestion de l’approvisionnement en carburant et la capacité des infrastructures locales à absorber les volumes de production prévus. En cas de succès, cette initiative pourrait inspirer d’autres pays africains à investir dans des projets régionaux, contribuant ainsi à un marché énergétique plus intégré et plus durable pour l’Afrique.
La raffinerie Dangote représente un projet stratégique pour le Nigeria et ses partenaires potentiels, comme le Ghana, mais il faudra attendre sa mise en pleine production pour en mesurer les véritables impacts sur le marché africain. Ce développement pourrait également encourager de nouvelles collaborations régionales dans d’autres secteurs stratégiques, un atout pour l’économie africaine dans un contexte mondial en constante évolution.