Un arrêt des livraisons de gaz russe en Europe réduirait la valeur du PIB allemand de près de 5% entre 2022 et 2024, selon des prévisions du Fonds monétaire international (FMI) publiées mercredi, alors que Berlin craint un arrêt total des flux via le gazoduc Nord Stream.
“Si l’on combine les effets directs, indirects et les incertitudes, la fermeture du robinet du gaz réduirait le PIB de 1,5% en 2022, de 2,7% en 2023 et 0,4% en 2024″, par rapport à un scénario où l’Allemagne continue d’être approvisionnée en gaz, a indiqué l’institution dans un rapport.
La perte de “PIB cumulée entre 2022 et 2024 serait de 4,8% par rapport au PIB de 2020″, a ajouté le FMI. Il s’agit de la “plus grande menace” pesant sur la première économie de la zone euro, a déclaré le FMI.
L’Allemagne achetait toujours début juin 35% de son gaz en Russie, un chiffre qui s’élevait à 55% avant la guerre. Arguant de l’absence d’une turbine en maintenance au Canada, le russe Gazprom a diminué il y a quelques semaines de 60% les livraisons via Nord Stream, principal tuyau transportant le gaz vers l’Europe.
Un “prétexte”, selon Berlin, qui dénonce une décision “politique” et craint désormais que Moscou ne reprenne pas les livraisons à la fin de travaux annuels débutés la semaine dernière. Cette maintenance doit s’achever jeudi matin.
Même en continuant de recevoir du gaz russe, la croissance de l’économie allemande devrait toutefois “être modérée au cours des prochains trimestres”, selon le FMI. Cela s’explique notamment par la “faiblesse de l’économie mondiale” et les “goulets d’étranglement”, qui pèsent sur l’industrie exportatrice, pilier de l’économie nationale. Le FMI prévoit une croissance de 1,2% en 2022 et de seulement 0,8% en 2023 pour l’Allemagne.
Dans le même temps, l’inflation, toujours tirée par les prix de l’énergie, “devrait rester élevée au cours des deux prochaines années”, a déclaré le FMI. L’institution prévoit une hausse des prix en Allemagne de 7,7% en 2022 et de 4,8 % en 2023. Un arrêt complet du gaz russe pourrait même augmenter ces prévisions jusqu’à 2 points en 2022 et jusqu’à 3,5 points en 2023, a-t-elle ajouté.