Le Maroc et l’Algérie ont tous deux lancé des projets de gazoducs concurrents reliant le Nigeria, avec l’objectif commun de cibler le marché européen. Toutefois, la décision de l’EU de se passer des énergies fossiles d’ici la fin de la décennie soulève des questions sur la pertinence de ces projets.
Le gazoduc Nigeria-Maroc (NMGP)
Le plus récent de ces projets est le gazoduc Nigeria-Maroc (NMGP), long d’environ 6 000 km, qui traversera 13 pays africains sur la façade atlantique pour acheminer des milliards de mètres cubes de gaz nigérian jusqu’au Maroc. Le Maroc prévoit ensuite de le connecter au Gazoduc Maghreb Europe (GME), après que l’Algérie a mis fin au contrat du GME desservant l’Espagne en gaz algérien via le Maroc, suite à la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays.
Le NMGP est également motivé par la géopolitique actuelle marquée par l’envolée des prix des hydrocarbures depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Cependant, la mise en œuvre de ce gazoduc reste conditionnée à l’obtention de l’accord des pays par lesquels il passera. À cet effet, Rabat et Abuja ont signé sept protocoles d’accord avec des pays de la CEDEAO et d’autres pays d’Afrique de l’Ouest en 2022.
Le gazoduc transsaharien (TSGP)
Le gazoduc transsaharien (TSGP) est l’autre mégaprojet dans la région, devant relier le Nigeria à l’Algérie via le Niger, d’un coût évalué à entre 12 et 18 milliards d’euros. Ce projet vise également à acheminer du gaz nigérian vers l’Europe. Une fois arrivé en Algérie, il devrait y être expédié, notamment via le gazoduc Transmed qui relie déjà les gisements algériens à l’Italie en passant par la Tunisie.
Les besoins futurs de l’Europe
Cependant, l’EU a déclaré vouloir s’affranchir des énergies fossiles à moyen terme, ce qui soulève des questions sur la pertinence de ces projets de gazoducs. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, souligne que le Maroc dispose d’un fort potentiel dans des énergies propres comme l’hydrogène, l’éolien et le solaire. Les décisions finales sur ces projets seront donc conditionnées par les besoins futurs de l’Europe en termes d’énergie propre.
En attendant, les trois partenaires – l’Algérie, le Nigeria et le Niger – sont en quête de bailleurs de fonds pour mener à bien ces projets. Les études techniques sont en cours et il faudra encore attendre deux à trois ans pour la finalisation de ces mégaprojets de gazoducs.