Les prix du gaz naturel européen pour l’été 2026 se maintiennent dans une situation de backwardation par rapport à l’hiver 2026, selon les données de Commodity Insights. Ce phénomène, où les contrats d’été se négocient à des prix supérieurs à ceux d’hiver, reflète les incertitudes liées à la saison d’injection estivale et à l’arrivée de nouvelles capacités de production de GNL plus tard dans l’année.
État actuel des prix et des dynamiques de marché
Le contrat estival du marché néerlandais TTF pour 2026 était évalué à 34,485 €/MWh au 25 novembre, contre 34,22 €/MWh pour le contrat hivernal. Cette différence de 26,5 centimes d’euro par MWh marque une tendance rare et accentuée par rapport à une structure en contango observée l’année précédente.
Cette dynamique découle des retards dans le développement de nouvelles capacités de liquéfaction de GNL. Alors que ces installations devraient commencer à fonctionner dès l’hiver 2026, les volumes supplémentaires arriveront principalement en 2027, ce qui alimente la volatilité des prix à court terme.
Croissance des capacités aux États-Unis et au Qatar
En 2026, la production mondiale de GNL devrait augmenter pour atteindre 494 millions de tonnes, contre environ 452 millions de tonnes en 2025. Une part importante de cette croissance proviendra des États-Unis et du Qatar, qui représentent actuellement 21 % et 19 % respectivement du marché mondial.
Aux États-Unis, le projet Golden Pass LNG, retardé, devrait commencer ses exportations au premier trimestre 2026, avec un impact plus marqué au quatrième trimestre. Le pays verra sa capacité totale augmenter de 20 % entre le troisième et le quatrième trimestre. Par ailleurs, des projets comme Sabine Pass et Corpus Christi contribueront également à cette hausse.
De son côté, le Qatar prévoit une augmentation significative de ses exportations avec l’expansion des projets North Field East et North Field South. Ces projets devraient ajouter 32 millions de tonnes de capacité annuelle pour 2026 et 16 millions supplémentaires en 2027.
Conséquences pour le transport maritime de GNL
Malgré l’augmentation de l’offre, le marché du transport maritime reste sous tension. Avec un nombre croissant de nouvelles constructions et une offre excédentaire de navires, les taux de fret ont fortement chuté. Dans le bassin Atlantique, par exemple, les taux pour les navires à deux temps sont tombés à 15 000 $/jour en novembre 2025, contre 197 500 $/jour un an auparavant.
Selon les experts, ces pressions devraient persister jusqu’en 2027, même si de nouvelles réglementations européennes, telles que le système d’échange de quotas d’émission (ETS), pourraient limiter la viabilité des navires plus anciens.
Perspectives pour le marché européen
Alors que les prix du gaz européen restent élevés, les augmentations de capacité prévues devraient progressivement réduire les tensions sur les marchés mondiaux. Néanmoins, les traders soulignent que l’été 2026 restera marqué par des incertitudes, notamment sur la saison d’injection, avant un rééquilibrage attendu pour l’hiver.
Les prix spot actuels reflètent encore cette volatilité. Le DES Northwest European Marker pour janvier 2026 a été évalué à 14,648 $/MMBtu au 25 novembre, bien au-dessus des 11,128 $/MMBtu enregistrés l’année précédente.