Les pays du Groupe des sept (G7) ont annoncé le lancement de plus de vingt projets visant à réorganiser les chaînes d’approvisionnement mondiales en minéraux critiques, alors que la Chine détient aujourd’hui une position dominante dans ce secteur stratégique. Cette annonce marque la première action concrète de la nouvelle Alliance de production de minéraux critiques du G7, présentée à l’issue d’une réunion ministérielle organisée à Toronto.
Les initiatives porteront sur l’extraction, le raffinage et la transformation de métaux essentiels tels que le lithium, le cobalt, le nickel et les terres rares. Ces matériaux sont indispensables à la fabrication de composants pour l’électronique, les véhicules électriques et l’armement. La Chine contrôle actuellement l’essentiel des étapes industrielles de cette filière, suscitant des préoccupations croissantes parmi les pays industrialisés.
Une réglementation coordonnée pour diversifier les approvisionnements
Le ministre canadien de l’Énergie, Tim Hodgson, a affirmé que l’objectif du G7 était de « réduire la concentration du marché » en soutenant la création de chaînes de valeur indépendantes de l’approvisionnement chinois. Il a reconnu que la construction d’un système complet, allant « de la mine à l’aimant », n’existe pas encore en dehors de la Chine et nécessitera des années d’investissements soutenus.
Cette initiative intervient dans un contexte de tensions commerciales persistantes, bien que Pékin ait accepté récemment de suspendre pour un an certaines restrictions sur les exportations de terres rares. Les membres du G7 considèrent toutefois cette mesure comme temporaire et maintiennent leur volonté de structurer une réponse réglementaire durable à l’échelle internationale.
Renforcement des capacités industrielles hors de Chine
Le secrétaire américain à l’Énergie, Chris Wright, a indiqué que les États-Unis étaient alignés sur la position du G7 concernant la sécurisation de l’approvisionnement. Il a souligné la nécessité d’établir des capacités nationales pour l’extraction, le traitement et la production de composants à base de terres rares, tout en accusant la Chine d’avoir « évincé le reste du monde » grâce à des pratiques commerciales contraires aux règles du marché.
Plusieurs projets impliqueront des coopérations entre gouvernements et entreprises privées, ainsi que la mise en place de cadres réglementaires harmonisés pour accélérer les autorisations d’exploitation. Les États membres se sont engagés à simplifier les procédures de permis, à renforcer les normes de transparence et à soutenir les financements à travers des banques publiques de développement.
Des engagements progressifs à l’échelle transnationale
Aucun calendrier précis n’a été communiqué, mais les premières initiatives devraient être lancées à partir de 2026, avec un déploiement progressif des infrastructures minières et des centres de traitement hors d’Asie. Le coût prévisionnel total des projets est estimé à environ $12bn, financé par des contributions publiques et privées sur cinq ans.
Les ministres du G7 ont insisté sur la nécessité de coordonner les politiques réglementaires pour garantir la résilience du marché face aux risques géopolitiques. Le développement de filières autonomes s’inscrit dans une stratégie plus large visant à préserver l’indépendance industrielle des pays membres dans les secteurs technologiques sensibles.