Le terminal flottant de stockage et de regazéification (Floating Storage and Regasification Unit, FSRU) d’Alexandroupolis, situé au nord-est de la Grèce, a repris ses opérations après près de six mois d’arrêt complet. L’interruption, déclenchée fin janvier 2025 par une défaillance sur ses pompes de surpression, a nécessité le remplacement d’équipements critiques et plusieurs phases de tests techniques. Exploité par Gastrade, le FSRU fonctionnera jusqu’au 30 septembre à 45,4 GWh/jour — soit 25 % de sa capacité nominale de 5,5 milliards de mètres cubes (Gm³) par an — avant un retour prévu à pleine charge au 1er octobre 2025, début de la nouvelle année gazière.
Un incident technique au calendrier glissant
La panne avait d’abord été évaluée comme réparable en deux mois, avec un redémarrage espéré fin mars. Mais la complexité des travaux et les délais d’approvisionnement des pièces ont repoussé la date cible, d’abord à mai, puis à la mi-août. L’unité de 153 500 m³, équipée de bras de chargement ship-to-ship (STS) et de deux trains de regazéification redondants, a dû subir une inspection complète des circuits haute pression et un recalibrage des systèmes de pompage.
Mis en service commercial en octobre 2024 après un premier chargement en février de la même année, le terminal avait traité quatre cargaisons — une par mois d’octobre à janvier — pour un total d’environ 1,03 térawattheure (TWh) de gaz regazéifié avant l’arrêt.
Capacités saturées et contrats à long terme
Quatorze acteurs, grecs et internationaux, ont réservé des capacités au terminal, couvrant presque la totalité des volumes disponibles jusqu’en 2030. Parmi eux, Venture Global LNG détient un contrat ferme pour 25 % de la capacité annuelle dès 2025, tandis que des groupes régionaux comme DEPA Commercial et Bulgartransgaz, actionnaire à 20 %, sécurisent des volumes pour le marché domestique et les exportations. La structure contractuelle repose majoritairement sur des Terminal Use Agreements (TUA) pluriannuels, limitant l’accès aux capacités spot.
Un maillon clé dans les interconnexions régionales
Raccordé au réseau national de DESFA (Hellenic Gas Transmission System Operator), Alexandroupolis peut injecter du gaz vers le point de livraison de Sidirokastro, connecté à l’Interconnexion Grèce–Bulgarie (Interconnector Greece–Bulgaria, IGB). Ce gazoduc, exploité par ICGB, transporte actuellement 3 Gm³/an et devrait passer à 5 Gm³/an après l’extension autorisée début août 2025. Cette montée en capacité coïncidera avec le retour à pleine charge du FSRU, augmentant le potentiel d’exportation vers la Bulgarie, la Roumanie et la Serbie.
Selon les données de DESFA, la capacité d’injection totale de la Grèce dépassera alors la demande intérieure, créant un surplus structurel utilisable pour l’export régional. Les flux via Revithoussa — l’autre terminal grec, terrestre — ont déjà compensé partiellement l’arrêt d’Alexandroupolis, mais l’infrastructure flottante reste essentielle pour diversifier les points d’entrée et réduire la congestion.
Contexte de marché et perspectives
La reprise d’Alexandroupolis intervient dans un environnement gazier européen marqué par la baisse des importations russes et la multiplication des points d’entrée GNL. Les prix spot livrés en Méditerranée orientale (DES East Med) oscillent autour de 10 à 11 $/MMBtu, reflétant un marché équilibré mais sensible aux fluctuations saisonnières. L’ajout d’une capacité supplémentaire au quatrième trimestre pourrait influencer la répartition des flux en Europe du Sud-Est, surtout en période de forte demande hivernale.
Les perspectives pour 2026 incluent une utilisation accrue des capacités du FSRU à des fins d’export vers des marchés tiers, appuyée par la flexibilité de son système de déchargement et la contractualisation ferme déjà en place. L’association d’Alexandroupolis avec les autres infrastructures grecques renforce le rôle du pays comme plateforme de transit régional, tout en maintenant une marge d’optimisation commerciale sur les volumes spot non engagés.