Les cours du pétrole devraient reculer de 12.9 % en 2025 par rapport à 2024 pour atteindre en moyenne $68.90 le baril, selon les prévisions publiées par le Fonds monétaire international (FMI) dans son rapport World Economic Outlook du 14 octobre. Cette baisse s’explique par la croissance atone de la demande mondiale combinée à une expansion continue de l’offre, en particulier de la part des producteurs non-membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses partenaires (OPEP+).
Entre mars et août 2025, les prix du brut ont déjà chuté de 5.4 %, évoluant dans une fourchette de $60 à $70 le baril, à la suite des annonces de tarifs douaniers par les États-Unis au début du mois d’avril. Le contrat WTI pour livraison en novembre s’échangeait à $58.75, en baisse de 74 cents, tandis que le Brent pour livraison en décembre perdait 88 cents à $62.44, selon les données de marché à 1713 GMT.
Un déséquilibre persistant entre l’offre et la demande
Le FMI souligne que l’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit une hausse de la demande mondiale de seulement 700 000 barils par jour en 2025, alors que la production des pays non-OPEP+ pourrait augmenter de 1.4 million de barils par jour. Ce déséquilibre croissant pèse sur les anticipations de prix, malgré la mise en place d’un plan de production accéléré par l’OPEP+.
Les producteurs à coûts élevés, notamment aux États-Unis, agissent comme limite inférieure du marché, avec des seuils de rentabilité situés entre $60 et $65 le baril. Ces niveaux influencent indirectement la dynamique des marchés à terme, où les projections du FMI indiquent un léger redressement vers $67.30 d’ici 2030.
Les droits de douane modèrent la croissance économique
Lors d’une conférence de presse le 14 octobre, le chef économiste du FMI Pierre-Olivier Gourinchas a indiqué que l’effet des politiques tarifaires américaines sur l’économie mondiale s’est révélé moins important que prévu. Néanmoins, ces mesures ont contribué à affaiblir les perspectives économiques, selon le FMI, qui anticipe une croissance mondiale de 3.2 % en 2025 contre 3.3 % en 2024.
Gourinchas a expliqué que l’absence de mesures de rétorsion commerciale de la part des partenaires internationaux, ainsi que les conditions financières accommodantes et les investissements dans l’intelligence artificielle, ont permis d’atténuer l’effet du choc tarifaire. Malgré cela, l’impact demeure et continue d’alimenter une dynamique économique incertaine.
Risque de correction lié aux valorisations boursières
Le rapport souligne par ailleurs que l’enthousiasme des marchés pour les investissements en intelligence artificielle pourrait représenter un facteur de risque supplémentaire, en rappelant les excès observés durant la bulle Internet à la fin des années 1990. Le FMI évoque la possibilité d’une correction, bien que celle-ci reste incertaine à ce stade.
Selon les projections actuelles, la conjonction d’un affaiblissement de la croissance mondiale, d’une offre pétrolière en excès et d’une faible progression de la demande continue de créer un environnement défavorable pour les prix de l’énergie. Les opérateurs du secteur restent confrontés à des marges resserrées dans un contexte d’incertitude prolongée.