L’Algérie, le Niger et le Nigeria ont annoncé l’accélération du projet de gazoduc transsaharien (NIGAL). Ce dernier pourrait grandement bénéficier au développement économique de ces pays mais aussi offrir une nouvelle source de gaz pour l’Europe.
Le gazoduc transsaharien, un projet revitalisé
Le projet de gazoduc date d’il y a plusieurs décennies. L’idée apparaît effectivement dans les années 1980. Un premier protocole d’accord est signé en 2002, entre l’Algérie et le Nigéria. Par la suite, en 2009, le Niger, par où les gazoducs devraient naturellement passer pour relier le Nigeria et l’Algérie, rejoint l’accord. Ainsi, le projet se concrétise.
Ce gazoduc permettra d’exporter directement le gaz nigérian et nigérien vers l’Europe en passant par l’Algérie. Pour cela, il devrait s’étendre sur 4.128km. Ce gazoduc pourra transporter jusqu’à 30 milliards de mètres cubes (mmc) de gaz par an.
Bien que soutenu par ces trois pays africains ainsi que par les États européens, le projet NIGAL a connu des retards très importants. Cela s’explique entre autres par le temps mis pour faire ratifier une réforme importante concernant le secteur pétrolier du Nigeria. Cette dernière, proposée en 2008, est enfin passée en juillet 2021. Cela a donc donné le feu vert au projet NIGAL.
Des enjeux importants
Ce gazoduc représente un enjeu majeur pour de nombreux acteurs, autant pour les pays africains que pour le continent européen. Le Nigeria pourra bénéficier pleinement de ses réserves importantes de gaz. On parle de réserves prouvées de 203 Tcf, ainsi que des réserves potentielles mais non prouvées avec une capacité de quelque 600 Tcf. Avec de telles capacités, l’exportation du gaz nigérian augmentera considérablement les revenus du pays. Par ailleurs, La NNPC, compagnie pétrolière nationale du pays, détiendra près de la moitié du gazoduc.
Le Niger, bien que pays de transit pour le gaz, pourra aussi profiter du projet pour fournir son propre gaz. Les réserves nigériennes de gaz sont estimées à 24 mmc. Pour ce pays enclavé, une telle connexion à la demande européenne créera également des revenus importants.
Du côté de l’Algérie, son rôle dans ce projet est vital. Le pays sera naturellement le point de passage pour le gaz entre l’Afrique et l’Europe. De plus, la Sonatrach, compagnie pétrolière et gazière du pays, détiendra la seconde moitié du gazoduc.
Pour l’Europe, le projet NIGAL est d’une importance majeure, et celle-ci est grandissante. Avec la volonté de réduire et éventuellement couper toutes importations gazières de Russie, les États européens cherchent à tout prix à diversifier leurs sources de gaz. Un apport en gaz naturel et en GNL de 30 mmc aidera donc à réduire la dépendance européenne vis-à-vis la Russie.
Des obstacles majeurs
Bien que ce projet de gazoduc présente des avantages majeurs, il existe toujours plusieurs obstacles à sa réalisation. Tout d’abord le financement du projet, dont le coût estimé s’élève à $13 milliards, représente une difficulté. De fait, les investissements dans le secteur du gaz sont en baisse depuis 2015. Comme l’indique le ministre d’énergie et des mines algérien, Mohamed Arkab, le contexte géopolitique actuel dans lequel se situe le projet du gazoduc transsaharien est particulier.
En parallèle, il y a une hausse importante de la demande en gaz. Celle-ci s’explique par la sortie de la crise de la COVID-19 mais aussi par la guerre en Ukraine. Toutefois, la production de gaz stagne à cause des baisses des investissements dans le secteur du pétrole et du gaz, et ce depuis 2015. Cela dit, le ministre du pétrole nigérian, Timipre Sylva, affirme que le projet reste très viable financièrement grâce à l’intérêt exprimé par de nombreux investisseurs.
Enfin, une autre difficulté majeure reste celle de la sécurité. En passant par des zones à haut risque de conflit, les pays devront montrer leur capacité à faire face à la possibilité de sabotages. Ceci concerne surtout le Niger et le Nigéria. Cette capacité pourrait être décisive pour se prouver comme des fournisseurs fiables face à la demande européenne.