La date butoir fixée par l’Union Européenne pour que ses États membres atteignent un taux de remplissage de leurs stocks de gaz de 90% au 1er novembre 2024 approche, mais le Danemark a déjà confirmé qu’il ne pourra pas respecter cet objectif. L’Agence de l’Énergie Danoise (DEA) a informé la Commission Européenne qu’en raison de retards techniques et de travaux de maintenance, le pays ne pourra remplir que 73,8% de ses capacités de stockage à la fin octobre.
Ce retard est principalement attribué au décalage dans la reprise de production du champ gazier offshore Tyra, le plus grand du Danemark. La remise en service de Tyra avait initialement été prévue pour mars 2024 après des travaux de réaménagement débutés en 2019, mais des problèmes techniques survenus en avril ont repoussé la montée en puissance de la production jusqu’à la mi-novembre. De plus, les opérations de maintenance du pipeline Baltic Pipe, reliant la Norvège au Danemark, ont également freiné les injections de gaz.
Retards techniques et impact sur la stratégie gazière du Danemark
Le Danemark fait partie des rares pays de l’UE à ne pas avoir atteint le seuil requis de 90% dans les délais impartis. Toutefois, l’Agence danoise indique qu’il serait encore techniquement possible d’atteindre cet objectif d’ici le 1er décembre. En dépit de ces retards, la situation énergétique globale de l’Europe reste stable selon la DEA, en partie grâce à l’importation continue de gaz depuis l’Allemagne pour compenser l’absence de production nationale pendant la maintenance de Tyra.
La question du remplissage des stocks de gaz est devenue une priorité politique pour l’UE depuis la crise énergétique de 2022. L’obligation de stockage, introduite en juin 2022, a été conçue pour garantir que les États membres disposent de suffisamment de réserves en cas de perturbations des approvisionnements en gaz. Le Danemark, malgré sa petite capacité de stockage de 10,4 TWh (1 milliard de m³), doit se conformer à ces obligations tout en s’appuyant fortement sur ses propres ressources en gaz.
Le rôle du champ gazier de Tyra dans la politique énergétique danoise
La capacité technique du champ gazier de Tyra, estimée à environ 8,1 millions de mètres cubes par jour, devrait suffire à répondre à la demande interne du Danemark une fois la production entièrement rétablie. Le champ gazier est exploité par TotalEnergies, avec des partenaires comme BlueNord et Nordsofonden. Le redémarrage complet de Tyra est prévu entre le 15 et le 30 novembre 2024, selon les dernières prévisions de TotalEnergies.
Le redéveloppement de Tyra a été rendu nécessaire en raison de la subsidence naturelle du réservoir de craie après des années de production. Ce retard dans le redémarrage de Tyra affecte les stratégies à long terme du Danemark, qui comptait sur cette ressource pour maintenir son autonomie énergétique tout en réduisant sa dépendance aux importations de gaz en provenance d’Allemagne et de Russie.
Implications pour le marché européen du gaz
Malgré ces délais, le prix du gaz en Europe demeure élevé, avec une évaluation récente du prix de référence du TTF (Title Transfer Facility) à 41,35 €/MWh. L’application d’une taxe sur les exportations de gaz par l’Allemagne, qui prendra fin en 2025, a réduit l’attractivité économique des exportations de gaz danois vers l’Europe. Cela complique encore les efforts du Danemark pour répondre aux exigences de l’UE tout en poursuivant ses propres objectifs énergétiques.
Le retard de production de Tyra et les politiques de stockage strictes imposées par l’UE mettent en lumière les défis que rencontrent les petits États membres pour aligner leurs politiques nationales avec les obligations régionales, surtout dans un contexte de marché énergétique tendu.