L’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) a revu l’évaluation du coût du projet Cigéo, dédié à l’enfouissement des déchets nucléaires les plus radioactifs à Bure, dans le département de la Meuse. La fourchette de coût s’établit désormais entre €26,1 milliards ($28,1bn) et €37,5 milliards ($40,4bn), contre une estimation initiale arrêtée à €25 milliards ($27bn) en 2016, a rapporté Connaissance des Énergies avec AFP le 12 mai.
Une projection sur 150 ans incluant construction et fermeture
Ce nouveau chiffrage couvre l’ensemble des dépenses du projet sur une période de plus de 150 ans, incluant la construction estimée entre €7,9 et €9,6 milliards ($8,5bn à $10,3bn), la maintenance, les impôts, les assurances, et la fermeture du site à l’horizon 2170. L’Andra précise que cette actualisation repose sur quatre scénarios distincts intégrant diverses hypothèses fiscales et techniques. L’écart peut atteindre €7,4 milliards ($8bn) selon la configuration retenue.
La directrice générale par intérim de l’Andra, Gaëlle Saquet, a déclaré à l’AFP que ce chiffrage restait « globalement maîtrisé », rappelant l’estimation de €33,8 milliards ($36,4bn) établie en 2014. L’intégration de nouveaux coûts liés à des études de conception prolongées et à des enseignements tirés de projets similaires, tels que le métro du Grand Paris Express, contribue à cette révision.
Optimisations et incertitudes sur le périmètre
L’agence publique a néanmoins identifié un potentiel d’économies techniques pouvant atteindre €3,6 milliards ($3,9bn), grâce à des améliorations comme l’allongement des alvéoles de stockage et l’usage de matériaux optimisés. Ces ajustements permettraient de réduire le nombre de galeries à creuser dans la couche d’argile sélectionnée.
L’Andra indique que ce coût ne prend pas en compte les déchets produits par les six réacteurs EPR2 annoncés en 2022, qui ne sont pas encore autorisés. Toutefois, elle a intégré un « inventaire de réserve » incluant une augmentation potentielle de 5% des déchets à vie longue et de 20% des déchets à haute activité, si ces nouveaux réacteurs venaient à être construits.
Décision gouvernementale attendue d’ici fin 2025
La décision sur le coût de référence à retenir sera fixée par arrêté du ministre de l’Énergie d’ici fin 2025, après avis de l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) et consultation des principaux producteurs de déchets. L’objectif de l’Andra est d’obtenir l’autorisation du projet entre fin 2027 et début 2028.
Le stockage effectif des déchets dans près d’un millier d’alvéoles souterraines est prévu à partir de 2050, un report significatif par rapport à l’échéance initialement envisagée entre 2035 et 2040.