Une résolution d’actionnaires réclamant à Engie de pouvoir mieux évaluer sa stratégie climat a été rejetée mercredi, mais tout de même approuvée par un quart des votants, lors de l’assemblée générale (AG) annuelle du groupe gazier, largement consacrée au sujet de la décarbonation.
La résolution, déposée par seize actionnaires représentant 1,9% du capital mais désapprouvée par le conseil d’administration du groupe, demandait notamment à Engie de soumettre chaque année au vote de l’AG les progrès de son plan climat. Elle a reçu 24,38% de votes pour et 75,62% de votes contre. Cette demande « a obtenu le soutien d’un certain nombre de nos actionnaires, et donc c’est quelque chose dont le conseil tiendra compte dans ses réflexions sur la manière de poursuivre le dialogue sur ces sujets climatiques », a réagi le président du conseil d’administration, Jean-Pierre Clamadieu.
« Nous attendons donc d’Engie de préciser comment ils comptent combler les lacunes de leur plan climat », a réagi l’ONG Reclaim Finance, dans un communiqué mercredi soir. « La balle est maintenant du côté du gouvernement qui doit répondre à ce plébiscite en généralisant le Say on Climate (consultation des actionnaires sur la stratégie climat des entreprises, NDLR) à toutes les grandes entreprises », a déclaré Antoine Laurent, responsable plaidoyer France de l’ONG. Au 31 décembre 2022, l’État français détenait 23,64% des parts d’Engie et 33,56% des droits de votes.
Auparavant, les investisseurs d’Engie (parmi lesquels APG, l’Ircantec, La Banque Postale AM, La Financière de l’Echiquier, Mirova, Meeschaert AM) avaient relevé des « échanges constructifs » avec la direction depuis plusieurs années. Mais « nous souhaitons encourager le groupe à aller plus loin », avait expliqué en leur nom Bertille Knuckey, de Sycomore Asset Management. « Nous ne remettons pas en question la stratégie du groupe, nous demandons plus de transparence (…) Nous voulons par exemple comprendre les raisons pour lesquelles il est encore impossible aujourd’hui pour Engie d’inscrire sa trajectoire dans une trajectoire de lutte contre un réchauffement climatique de 1,5 degré d’ici la fin du siècle », a-t-elle dit.
Le groupe, historiquement dédié au gaz mais en pleine diversification, a de nouveau décrit sa stratégie, avec de fortes ambitions dans l’électricité (l’éolien notamment) et les gaz renouvelables (biogaz, hydrogène). Engie explique avoir réduit de 33% ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2017, fermé ou vendu l’essentiel de ses actifs charbon, et viser la neutralité carbone en 2045, sans se fixer toutefois de date de sortie du gaz fossile.
Plutôt qu’un réchauffement limité à 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle, il se tient à l’objectif « bien en dessous de 2°C ». Viser 1,5°C impliquerait de « cesser un certain nombre d’activités de nos centrales » d’ici à 2030, une « échéance très courte » alors que le groupe doit aussi « contribuer à la résilience du système énergétique » du pays, a expliqué Julia Maris, chargée de la responsabilité sociétale et environnementale (RSE) du groupe.