Le charbon est de plus en plus présent en Europe. Les importations européennes de charbon, pour faire face à des éventuelles difficultés d’approvisionnement, sont en hausse. Les aspirations vertes des Européens sont mises de côté pour pallier à la crise énergétique actuelle. Le charbon reste donc la seule option à court terme.
Bien que la Russie ait repris son activité gazière avec l’Allemagne après une interruption de 10 jours, les craintes demeurent concernant l’approvisionnement. De plus, l’UE adopte une mesure d’urgence obligeant les États membres à réduire leur consommation de gaz de 15%.
Pour répondre à la demande énergétique, les importations de charbon en Europe augmentent. Le continent européen diversifie ses sources d’approvisionnement afin de remplacer la Russie.
La situation actuelle en Europe
Alors que le charbon thermique est une source très polluante, l’Europe avait réussi jusqu’à maintenant à s’écarter de cette ressource pour respecter ses engagements climatiques.
Néanmoins, au pied du mur, les Européens recourent de manière croissante au charbon. En juin, les pays européens importent 7,9 millions de tonnes de charbon thermique, soit le double par rapport à l’année dernière. À noter, ce sont près de 2 millions de tonnes de moins qu’en avril et en mai.
Par exemple, l’Allemagne maintient ses centrales à charbon en prolongeant la durée de vie jusqu’en mars 2024.
Dans un rapport, la banque ING, déclare:
« La Pologne et, dans une moindre mesure, l’Allemagne peuvent remplacer l’utilisation du gaz par les centrales électriques au gaz en faisant fonctionner des centrales au charbon à pleine capacité, à condition que suffisamment de charbon soit disponible. »
La diversification des sources d’approvisionnement
Le marché mondial se resserre du fait de l’augmentation des expéditions vers l’Europe en provenance d’Australie, d’Amérique du Sud, de Colombie et d’Afrique du Sud.
Par exemple, les importations de Colombie s’élèvent à 1,2 million de tonnes en juin, d’après l’analyse de Braemar. En comparaison, l’année dernière, 287.000 tonnes de charbon sont importées à cette même période. Les fortes pluies ayant freiné la production n’ont pas empêché d’assurer les expéditions.
Ces derniers mois, les achats de charbon thermique australien en Europe ne cessent d’augmenter. En juin dernier, on enregistre le niveau le plus élevé, soit 1,1 million de tonnes de charbon thermique importé.
Quant aux États-Unis, ils fournissent 618.000 tonnes de charbon, soit une hausse de 27,9% par rapport à l’année dernière. Cependant, cela représente une baisse de 62,7% au vu des mois précédents. C’est le niveau le plus bas depuis janvier.
En outre, l’Afrique du Sud envoie environ 854.000 tonnes en juin alors que l’année dernière, il n’y avait aucune expédition de charbon vers l’Europe. Les pays européens recourent même à des petits fournisseurs mondiaux du continent africain. On compte le Mozambique, la Namibie ou encore le Nigéria.
La plateforme de données maritimes et sur les matières premières, Shipfix enregistre des importations croissantes européennes en provenance d’Indonésie, ces dernières semaines.
Malgré la qualité du charbon comparable à celle de la Russie, les producteurs australiens, américains ou sud-africains ne seraient pas en mesure de combler l’écart. Cela s’explique par la demande intérieure et la concurrence mondiale pour les approvisionnements.
Poursuite du boycott de la Russie
Les importations européennes de charbon thermique russe, utilisées pour la production d’électricité, représente 70%. Toutefois, les Européens doivent s’adapter à la nouvelle interdiction de l’UE concernant les importations de charbon russe. Cette interdiction entre en vigueur à partir de la mi-août.
Par conséquent, les pays européens baissent progressivement leurs importations russes. En juin, ces importations représentent 2,3 millions de tonnes. Selon les données de Braemar, c’est le niveau le plus bas des 12 derniers mois.
En outre, l’analyse de Shipfix met en évidence l’absence de nouvelles commandes pour la semaine du 18 juillet pour le convoi de charbon russe. L’interdiction de l’UE commence à se faire sentir.
D’après des analystes, les importations des États membres de l’UE et du Royaume-Uni devraient encore augmenter d’ici l’année prochaine, de l’ordre de 43%.
Ainsi, la crise énergétique actuelle a un coût écologique important. Les analystes estiment le dégât écologique de la ruée vers le charbon à hauteur de 10 millions de tonnes de CO2 supplémentaires dans l’atmosphère.
Illustration par Joe Duffy