Le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) a annoncé avoir signé une lettre d’intention avec la start-up Calogena afin d’étudier l’implantation d’un petit réacteur modulaire (PRM) sur le site de Cadarache, dans les Bouches-du-Rhône. Le projet, s’il aboutit, verrait la mise en service d’un module CAL30 de 30 mégawatts thermiques, destiné à alimenter le réseau de chaleur du centre de recherche.
Calogena, filiale du groupe industriel français Gorgé, développe un réacteur nucléaire de petite puissance ne produisant pas d’électricité, mais conçu pour fournir de la chaleur décarbonée à des zones urbaines. Selon le communiqué conjoint publié par les deux parties, le raccordement du module au réseau de chaleur du site fait actuellement l’objet d’une étude de faisabilité.
Un projet centré sur la chaleur industrielle
Le réacteur CAL30 n’est pas destiné à remplacer les centrales nucléaires traditionnelles, mais à répondre à des besoins thermiques spécifiques dans des contextes urbains ou industriels. D’une puissance inférieure aux réacteurs conventionnels, il est décrit comme étant 150 fois plus petit qu’un réacteur pressurisé européen (EPR). La technologie repose sur du combustible à base d’uranium, et Calogena assure que plusieurs barrières de sûreté éliminent le risque de fusion du cœur.
La demande d’homologation pour le réacteur a été déposée en novembre 2024 auprès de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), la procédure étant toujours en cours d’instruction. Calogena a également entamé des discussions préliminaires avec le régulateur nucléaire finlandais STUK (Säteilyturvakeskus) pour un éventuel déploiement en Finlande.
Un segment concurrentiel du nucléaire civil
Le segment des petits réacteurs modulaires attire l’attention d’acteurs publics et privés depuis plusieurs années. Avant Calogena, le seul dossier d’option de sûreté accepté en France concernait le projet Nuward, porté par l’électricien national EDF en juillet 2023. Une autre start-up, Jimmy, avait déposé une demande d’autorisation de création (DAC) en avril 2024, mais a dû revoir la conception de son installation, selon des informations publiées par La Tribune en juillet.
EDF a également modifié en 2024 les plans initiaux de Nuward pour développer un nouveau design, signe d’une intensification de la concurrence sur ce segment émergent. Les projets SMR visent notamment à répondre aux besoins énergétiques des réseaux de chaleur, des sites industriels isolés et des zones éloignées, dans un format plus compact et potentiellement plus rapide à déployer.
« »Les options de sûreté sont en cours d’instruction à ce stade » », a déclaré Calogena, précisant que son objectif reste de proposer une solution opérationnelle dans un délai réduit par rapport aux infrastructures nucléaires classiques.