Les actionnaires d’Enel, réunis mercredi en assemblée générale à Rome, ont voté à une large majorité en faveur du candidat du gouvernement de Giorgia Meloni pour le poste de président du conseil d’administration du géant italien de l’énergie. Au total 97,24% du capital représenté à l’assemblée a donné sa voix au candidat du gouvernement, Paolo Scaroni, 0,66% des votes ont été défavorables et 2,08% des actionnaires se sont abstenus.
L’Etat italien détient 23,6% d’Enel. Paolo Scaroni, président du club de football de l’AC Milan, est un proche de Silvio Berlusconi et connaît bien Enel dont il a été le PDG de 2002 à 2005. Ce personnage controversé a été souvent critiqué pour ses liens étroits avec Moscou qu’il avait noués pendant son mandat de PDG du groupe italien des hydrocarbures Eni qui a pris fin en 2014. En septembre 2022, M. Scaroni, 76 ans, avait dénoncé « l’escalade des sanctions » à l’égard de la Russie décidées par l’Occident dans le sillage de l’invasion de l’Ukraine par les troupes de Moscou.
Le gouvernement Meloni, qui a placé plusieurs de ses fidèles à la tête des entreprises publiques, faisait face à une fronde inédite d’une partie des actionnaires d’Enel contre la candidature de M. Scaroni. La fronde était menée par le fonds d’investissement Covalis Capital qui avait proposé comme président le banquier italien Marco Mazzucchelli pour contrer l’influence du gouvernement ultra-conservateur au sein d’Enel. Mais M. Mazzucchelli n’a pas pu se présenter contre M. Scaroni, car les candidats de la liste de Covalis n’ont pas réuni assez de votes pour se faire élire membres du conseil d’administration.
Virage du développement durable
Zach Mecelis, fondateur de Covalis qui détient environ 1% d’Enel, avait dénoncé « l’opacité du processus » de choix des candidats du gouvernement et avait assuré présenter une liste qui « reflète mieux l’ADN international de l’entreprise ». La liste présentée par le ministère de l’Economie a obtenu 49,1% de votes favorables et ses six candidats rejoindront le conseil d’administration, dont Flavio Cattaneo, que le gouvernement avait désigné PDG. Les trois autres membres du conseil sont issus de la liste d’Assogestioni, qui regroupe des investisseurs institutionnels italiens et a réuni 43,5% des voix. « Nous avons obtenu un excellent résultat, meilleur qu’il y a trois ans » lors du dernier vote en assemblée sur la liste du gouvernement, a commenté le ministre de l’Economie Giancarlo Giorgetti.
Flavio Cattaneo, 59 ans, vice-président exécutif de l’opérateur ferroviaire privé Italo-NTV, sera appelé à remplacer Francesco Starace, PDG d’Enel depuis 2014 et dont le troisième mandat arrive à échéance. Sous l’impulsion de M. Starace, Enel a été l’un des premiers groupes du secteur de l’énergie à prendre le virage du développement durable, un engagement très poussé qui ne figure guère en haut de l’agenda du gouvernement Meloni. Glass Lewis, l’une des grandes sociétés américaines de conseil aux actionnaires, avait appelé à voter pour M. Mazzucchelli afin de contrebalancer la présence du PDG choisi par le gouvernement. Le fonds souverain de la Norvège, qui possède 2,2% d’Enel, défendait lui aussi la candidature de M. Mazzucchelli, afin de « renforcer l’indépendance du conseil d’administration ».