Le premier ministre Mark Carney a dévoilé une nouvelle série de projets majeurs, représentant plus de 56 milliards $ d’investissements, destinés à renforcer la position du Canada comme acteur énergétique mondial et à moderniser les infrastructures critiques du pays. Ces projets font partie de la stratégie du Bureau des grands projets, lancé pour accélérer la mise en œuvre d’initiatives structurantes.
Développement du Nord-Ouest et renforcement des réseaux électriques
Parmi les projets soumis à l’examen figure le Corridor essentiel de conservation du Nord-Ouest, qui traverse la Colombie-Britannique et le Yukon. Ce corridor stratégique, positionné au-dessus de gisements de minéraux critiques, permettra l’exploitation de ressources mondiales tout en connectant des zones isolées par des infrastructures énergétiques et numériques.
En soutien à ce développement, le projet de la Ligne de transport d’électricité de la côte nord vise à raccorder ce corridor au réseau national. La Banque de l’infrastructure du Canada a déjà accordé un prêt de 139,5 millions $ à BC Hydro pour les premières phases. Ce projet facilitera le déploiement de plusieurs initiatives industrielles, notamment le terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) Ksi Lisims, et pourrait permettre une réduction d’émissions estimée à trois millions de tonnes par an.
Expansion du GNL et infrastructures d’exportation
Le terminal de GNL Ksi Lisims, situé sur l’île Pearse en Colombie-Britannique, deviendrait la deuxième plus grande installation de GNL au pays. Le projet, dirigé par la Nation Nisga’a, devrait attirer près de 30 milliards $ d’investissements. Il inclut également un gazoduc de 800 kilomètres et une ligne électrique dédiée de 95 kilomètres pour assurer l’alimentation du site.
Ce projet s’inscrit dans un plan plus large visant à doubler la capacité canadienne d’exportation de GNL, après le projet LNG Canada – phase 2 soumis précédemment.
Minéraux critiques : trois projets miniers à l’étude
Le projet nickélifère Crawford, développé par Canada Nickel à Timmins (Ontario), capitalise sur la deuxième plus grande réserve mondiale de nickel. Il promet une production à faible empreinte carbone, avec des émissions annoncées à 90 % inférieures à la moyenne mondiale, pour un investissement total estimé à 5 milliards $.
Au Québec, la mine Matawinie de Nouveau Monde Graphite, associée à une usine de matériaux de batterie à Bécancour, prévoit la création de plus de 1 000 emplois et l’attraction de 1,8 milliard $ en capitaux. Le graphite produit visera les secteurs de la défense et du stockage d’énergie.
Enfin, la mine Sisson au Nouveau-Brunswick, détenue par Northcliff Resources, se concentrera sur l’extraction du tungstène, ressource stratégique pour l’industrie de l’acier à haute résistance. Le projet répond à une demande croissante sur un marché mondialisé dominé par peu de producteurs.
Infrastructures nordiques et souveraineté énergétique
Le projet hydroélectrique de la Nunavut Nukkiksautiit Corporation, prévu à Iqaluit, vise à remplacer l’importation annuelle de 15 millions de litres de diesel par une source d’énergie locale, fiable et sans émission. Entièrement détenu par des intérêts inuits, ce projet soutient à la fois la souveraineté énergétique du Nunavut et la création d’emplois dans le secteur de la construction.
Ces projets s’insèrent dans une stratégie globale qui, à travers deux séries d’annonces, engage déjà plus de 116 milliards $ dans le développement d’infrastructures et de ressources canadiennes. En parallèle, le Canada a présenté 26 partenariats et investissements pour soutenir l’émergence de chaînes d’approvisionnement en minéraux critiques, pour un total de 6,4 milliards $.