Au Canada, les entreprises se précipitent pour expédier de l’hydrogène renouvelable vers l’Europe d’ici 2025.
Un emplacement favorable
Le Canada, notamment la partie Est du pays, apparaît comme une source potentielle de choix pour l’hydrogène renouvelable. En effet, la région bénéficie d’une exposition au vent avantageuse pour générer de l’électricité. De plus, la zone bénéficie de courtes distances pour relier le continent européen.
Plusieurs entreprises comme Brookfield Renewable Partners et World Energy cherchent à élaborer des plans réglementaires. Enbridge, le géant des services publics du Canada, envisage également le développement de l’hydrogène dans la région. Toutefois, les entreprises font face à des obstacles, tels que des pénuries d’équipement et une opposition locale.
Des objectifs ambitieux
Selon Enbridge, l’objectif d’exportation de 2025 est ambitieux. Une grande part de la production d’hydrogène utilise du gaz naturel ou du charbon. Cependant, les entreprises veulent produire de l’hydrogène renouvelable sans émissions en séparant l’hydrogène de l’oxygène dans l’eau à l’aide d’électrolyseurs éoliens.
Le monde produit 3,5 millions de tonnes d’hydrogène renouvelable par an. Cette production pourrait atteindre 31 millions de tonnes par an d’ici 2030. Cependant, l’hydrogène générait un battage médiatique il y a des décennies, sans toutefois représenter grand-chose.
Des partenariats
L’Allemagne et le Canada signent en août un accord non contraignant visant à expédier de l’hydrogène renouvelable canadien en Allemagne d’ici 2025. Dans la province canadienne de Terre-Neuve-et-Labrador, World Energy prévoit un projet pour exporter de l’ammoniac à partir de fin 2024. Ce projet de l’entreprise s’élève à $12 milliards.
Une filiale de World Energy veut construire 164 éoliennes sur la péninsule de Port située à Terre-Neuve. L’objectif est d’alimenter une nouvelle usine d’hydrogène. Toutefois, ce projet changerait radicalement la vie sur la péninsule, où vivent 4000 personnes.
Des oppositions locales
En effet, les opposants craignent une destruction de la nature pour faire des profits ou pour approvisionner l’Allemagne. L’entreprise World Energy indique qu’elle ne procédera pas sans un permis environnemental provincial pour les turbines. De plus, la société prendra en compte les commentaires de la communauté pour l’emplacement des turbines.
Enfin, les entreprises énergétiques allemandes E.ON et Uniper signent des accords non contraignants avec EverWind Fuels. Basé dans la province canadienne de la Nouvelle-Écosse, EverWind Fuels expédie un million de tonnes par an d’ammoniac renouvelable. L’entreprise vise à commencer par expédier 200.000 tonnes en 2025.
Un enjeu industriel
Les chaînes d’approvisionnement se développent plus rapidement que prévu avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Cependant, l’hydrogène renouvelable ne bénéficie pas encore d’une économie à grande échelle selon Teresa Jaschke, porte-parole du groupe E.ON. Elle compare l’hydrogène aux modules solaires qui apparaissaient comme non rentable auparavant.
À Terre-Neuve, une filiale de Brookfield, basée à Toronto, prévoit un parc éolien. Elle souhaite également une usine de $1,46 milliard pour produire 200.000 tonnes d’ammoniac par an. Cependant, la chaîne de production de l’hydrogène renouvelable représente un enjeu industriel important.