Le ministre canadien des Ressources naturelles, Tim Hodgson, a confirmé que le gouvernement fédéral n’avait pour l’instant reçu aucune proposition officielle du secteur privé concernant la construction d’un pipeline destiné à transporter du pétrole brut vers la côte Pacifique. Selon le ministre, la balle est désormais dans le camp des entreprises, qui doivent évaluer la viabilité commerciale d’un tel projet en tenant compte des nouvelles règles facilitant l’approbation réglementaire, votées récemment par le Sénat canadien. Cette législation, initiée par le Premier ministre Mark Carney, a pour but de rendre le secteur pétrolier canadien moins vulnérable aux politiques commerciales américaines, notamment les récentes hausses tarifaires. Malgré ces mesures favorables, aucune société pétrolière n’a encore franchi le pas vers un investissement concret.
Initiative provinciale en Alberta
En juin dernier, la Première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, annonçait déjà que sa province travaillait activement sur une proposition de tracé menant jusqu’au port de Prince Rupert, en Colombie-Britannique. Ce projet serait développé en parallèle avec le Pathways Alliance, une initiative ambitieuse de capture et de stockage de carbone portée par un consortium de sociétés exploitant les sables bitumineux. Ce projet de décarbonation est estimé entre 10 et 20 milliards de dollars canadiens et constitue une condition essentielle à la réalisation du pipeline selon les autorités fédérales et provinciales. Hodgson a ainsi réaffirmé que tout futur pipeline devra impérativement être lié à ce programme de réduction des émissions de carbone.
Enbridge reste prudente face aux conditions réglementaires
La société canadienne Enbridge, principal acteur du secteur des pipelines dans le pays, a pour sa part affiché sa prudence face à la réalisation d’un nouveau pipeline vers la côte Pacifique. L’entreprise a récemment indiqué, dans une déclaration écrite, que son éventuelle implication dépendrait fortement d’un changement significatif des réglementations provinciales et fédérales. Enbridge souligne notamment la nécessité d’ajuster la politique fédérale de tarification du carbone pour rendre le projet viable économiquement. Par le passé, la société a été confrontée à de multiples défis juridiques et réglementaires, notamment lors du projet d’expansion de Trans Mountain, ce qui explique son extrême prudence actuelle.
Défis historiques et enjeux commerciaux
Ces dernières années, les projets de pipelines au Canada ont été marqués par des difficultés réglementaires et financières majeures. Le cas de l’expansion de Trans Mountain en constitue un exemple emblématique, avec d’importants dépassements budgétaires liés à des retards réglementaires et des procédures juridiques complexes. Ces obstacles ont régulièrement découragé les investisseurs privés, expliquant en partie l’absence de propositions concrètes actuelles. L’objectif central du Canada reste pourtant clair : diversifier ses marchés d’exportation pétrolière afin de diminuer sa dépendance commerciale vis-à-vis des États-Unis.
Alors que le cadre réglementaire a été clarifié, il appartient désormais aux investisseurs et entreprises du secteur pétrolier canadien d’évaluer les bénéfices et les risques liés à un projet de pipeline vers la côte Pacifique.