Le Cameroun a revu à la hausse le coût de réhabilitation de sa Société nationale de raffinage (Sonara), arrêtée depuis un incendie survenu en 2019. Le nouveau budget est désormais estimé à 300 milliards de francs CFA (533 millions USD), soit 50 milliards de francs CFA de plus que l’estimation initiale. L’annonce a été faite par le Premier ministre Joseph Dion Nguté le 26 novembre lors de la présentation du programme économique du gouvernement pour 2026 devant l’Assemblée nationale.
Les bailleurs internationaux en première ligne
Cette révision intervient alors que plusieurs institutions financières étrangères ont multiplié les démarches pour accompagner la relance du site industriel de Limbé. Le 17 juin, une délégation conjointe de l’Union de Banques Arabes et Françaises (UBAF), de la banque néerlandaise ING et de la Mauritius Commercial Bank (MCB) s’est déplacée sur place pour étudier les modalités de financement et d’accompagnement du projet. Ces discussions visent à accélérer la remise en activité de l’unique raffinerie du pays.
La Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) a également réaffirmé sa volonté de soutenir le projet à travers son guichet B, mécanisme destiné au refinancement des crédits à moyen terme pour les investissements productifs. « Ce guichet peut accompagner la réhabilitation de la Sonara », a déclaré le gouverneur de la BEAC, Yvon Sana Bangui, lors d’une conférence de presse tenue le 29 septembre à l’issue de la session du Comité de politique monétaire.
Un impact régional sur les devises
Avant l’incendie de 2019, la Sonara contribuait à couvrir une partie importante des besoins en carburants du Cameroun. Depuis l’arrêt des opérations, le pays importe l’intégralité de ses produits pétroliers, ce qui pèse fortement sur ses réserves en devises. Cette pression est partagée par les autres membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), dont les réserves communes servent à financer les importations.
Selon des sources proches de la banque centrale, la BEAC avait proposé dès les premières phases du projet de couvrir jusqu’à 60% du montant initialement estimé à 250 milliards FCFA via son guichet B. La réévaluation du budget pourrait nécessiter un ajustement de cet engagement financier, bien que l’intérêt institutionnel reste intact.
Une infrastructure stratégique pour la sous-région
L’arrêt prolongé de la Sonara représente un enjeu stratégique pour l’équilibre énergétique de la région. « Aujourd’hui, ce sont tous les pays de la sous-région qui importent les produits pétroliers finis. Cela fragilise notre position extérieure », avait alerté Yvon Sana Bangui dès juin 2024 à Yaoundé, soulignant la nécessité d’une remise en service rapide de la raffinerie.