L’une des dernières centrales au charbon du Brésil, située à Candiota, dans l’État du Rio Grande do Sul, a repris ses activités après un investissement du groupe Ambar, contrôlé par les frères milliardaires Wesley et Joesley Batista. Ce redémarrage s’inscrit dans un contexte énergétique où les sources renouvelables représentent plus de 80 % de la production électrique nationale.
Un cadre législatif favorable au maintien du charbon
Le Congrès brésilien a récemment adopté une loi prolongeant jusqu’en 2040 les contrats des centrales fonctionnant au charbon domestique. Cette mesure vise officiellement à garantir la sécurité d’approvisionnement, bien qu’elle aille à contre-courant des objectifs climatiques promus par le pays. Le texte, encore en attente de ratification par le président Luiz Inácio Lula da Silva, concerne notamment la centrale de Candiota, dont le précédent contrat avait expiré en 2024.
Le gouvernement a également inclus les centrales au charbon dans une future enchère de capacité prévue pour mars, destinée à renforcer la stabilité du réseau électrique. Le ministère des Mines et de l’Énergie (Ministério de Minas e Energia, MME) justifie cette ouverture par la nécessité d’assurer une production continue lors des baisses de génération solaire ou éolienne.
Des critiques sur la cohérence de la politique énergétique
Des experts du secteur jugent incohérente cette stratégie, soulignant que les centrales au charbon ne sont pas conçues pour des activations rapides et que leur inclusion dans ce dispositif réduit la flexibilité du système électrique. Selon eux, le maintien du charbon traduit l’influence persistante de l’industrie minière et la faiblesse d’une planification énergétique de long terme.
Le groupe Ambar défend sa position en mettant en avant la disponibilité et la fiabilité du charbon local, qu’il considère comme un atout pour la stabilité du réseau. Il nie tout recours à l’influence politique pour prolonger ses activités et critique les organisations opposées à ses opérations, les accusant de défendre les intérêts des grands consommateurs industriels.
Un vide réglementaire sur la transition régionale
L’absence de stratégie réglementaire claire pour la reconversion de la région de Candiota soulève des inquiétudes sociales. La fermeture de la centrale et de la mine qui l’alimente pourrait entraîner la perte d’environ 10 000 emplois directs et indirects. Les syndicats et les acteurs locaux appellent à un cadre juridique plus précis pour organiser une transition juste et progressive vers d’autres secteurs d’activité.
Certaines initiatives locales, notamment dans l’agroalimentaire et la production d’huile d’olive, offrent des perspectives limitées. Toutefois, face à l’incertitude, une partie des travailleurs commence à se former à des métiers liés aux énergies renouvelables, anticipant un futur où le charbon ne bénéficierait plus du soutien politique actuel.