L’Agence nationale de l’énergie électrique du Brésil (Agência Nacional de Energia Elétrica, Aneel) a officialisé l’issue de son premier appel d’offres dédié exclusivement aux centrales hydroélectriques de petite et moyenne capacité. L’opération, close récemment, mobilise environ 5,5 milliards de reais, soit près de 1 milliard de dollars d’investissements, pour un total de 65 projets.
La capacité totale attribuée s’élève à 815 mégawatts (MW), chaque centrale étant limitée à un maximum de 50 MW, conformément aux critères techniques imposés. Ces unités seront intégrées dans différentes régions du pays, avec des caractéristiques qui permettent une flexibilité plus grande dans le raccordement au réseau national.
Conditions contractuelles et calendrier opérationnel
Les contrats signés dans le cadre de cette procédure auront une validité de 20 ans. Selon le calendrier établi par les autorités, les centrales devront commencer à fournir de l’électricité à partir de janvier 2030. Cette échéance laisse aux opérateurs une marge de préparation technique et financière, tout en permettant une planification à long terme du réseau.
Le ministère des Mines et de l’Énergie du Brésil a déclaré que cette démarche contribue à diversifier les capacités hydroélectriques du pays. En s’appuyant sur des installations de taille intermédiaire, le gouvernement souhaite intégrer plus efficacement ces actifs dans des zones à besoins énergétiques croissants.
Perspectives gouvernementales et dimension territoriale
Lors d’une intervention publique, le ministre des Mines et de l’Énergie, Alexandre Silveira, a précisé que ce modèle de développement repose sur une logique d’adaptation territoriale. Il a notamment évoqué l’importance de limiter les contraintes environnementales dans certaines régions sensibles, tout en maintenant des standards d’approvisionnement constants.
Par ailleurs, Silveira a mentionné l’éventualité d’un retour progressif des projets de plus grande envergure, dans un cadre bilatéral. À ce titre, il a confirmé des discussions en cours avec la Bolivie sur le barrage du fleuve Madeira, dans la zone amazonienne, un projet à portée transfrontalière.
Retour sur les contraintes historiques du secteur
Après la mise en service du projet Belo Monte, les grands barrages avaient été temporairement écartés de la stratégie énergétique nationale, en raison de contestations juridiques et sociales. Cette suspension a favorisé un développement accru des énergies alternatives, ainsi qu’un recentrage sur des installations hydroélectriques à capacité restreinte.
Le lancement de cet appel d’offres traduit une approche hybride, visant à maintenir la contribution de l’hydroélectricité dans le mix énergétique national, tout en répondant à des exigences réglementaires plus strictes. L’intérêt financier exprimé par les opérateurs témoigne d’une attractivité renouvelée pour ce segment.
Prévisions pour 2026 : appels d’offres thermiques et hydroélectriques
Le gouvernement brésilien a annoncé la préparation de deux nouveaux appels d’offres pour l’année 2026, qui incluront cette fois des centrales thermiques fonctionnant au charbon, au pétrole ou au gaz naturel, en complément de nouveaux projets hydroélectriques. L’objectif explicite est de garantir une capacité pilotable à mesure que la part d’énergies renouvelables intermittentes s’accroît dans le réseau.
Selon les informations publiées dans le Journal officiel, le calendrier opérationnel prévoit une ouverture des consultations publiques dès le dernier trimestre 2025. Cette phase permettra d’établir les bases réglementaires et techniques avant la sélection des projets éligibles au cours du premier trimestre 2026.
Paramètres d’éligibilité et opérateurs pressentis
Le cahier des charges des futurs appels d’offres prévoit l’exclusion des technologies hybrides ou renouvelables. Seules les installations reposant exclusivement sur des combustibles fossiles seront acceptées. Cette disposition vise à garantir une capacité de production stable, déconnectée des aléas météorologiques.
Des groupes énergétiques de premier plan ont déjà manifesté leur intérêt. Parmi les acteurs attendus figurent Petróleo Brasileiro S.A. (Petrobras), Eneva S.A. et Ambar Energia. Ces entreprises disposent de l’expertise nécessaire pour développer des centrales thermiques de grande échelle sur le territoire national.
Contexte stratégique à l’approche de la COP30
Malgré les engagements climatiques affichés à l’international, les autorités brésiliennes maintiennent une approche pragmatique orientée vers la sécurité d’approvisionnement. La planification énergétique à court et moyen terme continue de s’appuyer sur des technologies pilotables, justifiées par les contraintes du réseau.
Le Brésil accueillera la Conférence des Parties (COP30) des Nations unies sur le climat en novembre 2025. Si cette échéance attire l’attention de la communauté internationale, les décisions gouvernementales en matière d’énergie restent prioritairement guidées par des considérations techniques et économiques internes.