Le Brésil accélère le développement de sa filière des terres rares avec 27 projets identifiés par l’Agence nationale des mines (Agência Nacional de Mineração), répartis entre 17 entreprises actives dans sept États. Ces initiatives visent à exploiter la deuxième plus grande réserve mondiale de terres rares et à structurer une chaîne d’approvisionnement indépendante des flux dominés par la Chine.
Des entreprises australiennes en première ligne
À Poços de Caldas, dans l’État du Minas Gerais, Viridis Mining and Minerals et Meteoric Resources détiennent des droits d’exploration sur des gisements d’argile ionique. Viridis prévoit un investissement de 280 millions $ pour financer ses opérations, notamment via des accords d’achat à long terme. La société discute avec des banques de développement européennes et japonaises afin de sécuriser les engagements nécessaires à la construction d’une raffinerie de séparation sélective en partenariat avec Ionic Rare Earths.
Dans l’État de Bahia, à Jequié, Brazilian Rare Earths et Equinox Research concentrent leurs forages sur des formations de roche dure et d’argile ionique. Tiago Abreu, directeur du développement chez Brazilian Rare Earths, a indiqué que les teneurs atteignent 30 % d’oxydes de terres rares. Il estime que le Brésil pourrait disposer de 21 millions de tonnes métriques de réserves, renforçant son potentiel en matière d’approvisionnement stratégique.
Sécurité énergétique et politique industrielle
La concentration de la production mondiale en Chine constitue un facteur de risque croissant pour les industries consommatrices. Murilo Nagato, directeur pays chez Aclara Resources, a souligné que les tensions géopolitiques incitent les entreprises à diversifier leurs partenariats pour limiter leur exposition au marché chinois. En 2024, Serra Verde est devenue la première société à lancer une exploitation commerciale de terres rares au Brésil, à Minaçu, dans l’État de Goiás.
En réponse à la demande croissante, la Banque nationale de développement économique et social (Banco Nacional de Desenvolvimento Econômico e Social), en partenariat avec l’Agence de financement des études et projets (Financiadora de Estudos e Projetos), a lancé un appel à projets public. Le programme prévoit une enveloppe de 5 milliards BRL (893 millions $) destinée à soutenir les investissements dans les chaînes de valeur des minéraux stratégiques. Un fonds supplémentaire de 1 milliard BRL (178 millions $) ciblera les petites et moyennes entreprises du secteur.
Coûts opérationnels et segmentation des marchés
Les terres rares regroupent 17 éléments chimiques essentiels à la fabrication d’aimants, d’écrans et de composants électroniques. Le néodyme et le praséodyme sont utilisés pour produire des superaimants dans les moteurs électriques et les turbines éoliennes, tandis que le dysprosium, le terbium et l’europium servent à améliorer les performances thermiques et visuelles des équipements. Leur séparation chimique reste cependant un processus complexe, nécessitant des technologies spécifiques.
Marcelo de Carvalho, directeur pays chez Meteoric Resources, a affirmé que les coûts opérationnels des projets brésiliens restent proches de ceux des projets chinois, permettant ainsi d’envisager une compétitivité à long terme. Il a insisté sur la nécessité de développer une filière traçable pour séduire les marchés soucieux de l’origine des matières premières.