Le Bureau of Ocean Energy Management (BOEM) a annoncé le 5 août 2025 la suppression de la section § 585.150 de ses réglementations, mettant fin à l’obligation pour le secrétaire à l’Intérieur de publier tous les deux ans un calendrier prévisionnel sur cinq ans des ventes de baux pour les énergies renouvelables offshore. Cette règle finale directe marque un changement significatif dans l’approche réglementaire du développement éolien offshore américain.
La réglementation abrogée, qui exigeait une planification systématique des enchères sur un horizon quinquennal, est désormais jugée « non mandatée par l’Outer Continental Shelf Lands Act » selon le département de l’Intérieur. Cette interprétation juridique permet au secrétaire de retrouver une discrétion totale sur la programmation des enchères, sans contrainte temporelle prédéfinie établie dans les règlements.
Une décision dans un contexte de turbulences sectorielles
Cette suppression intervient alors que le secteur éolien offshore traverse une période de restructuration majeure. Equinor a enregistré une dépréciation de 763 millions de dollars sur son projet Empire Wind 1 au deuxième trimestre 2025, dans le cadre d’une dévaluation totale de 955 millions de dollars attribuée aux « changements réglementaires causant une perte de synergies des futurs projets éoliens offshore et une exposition accrue aux tarifs douaniers ».
Le projet Empire Wind 1, représentant un investissement de 5 milliards de dollars et destiné à alimenter 500 000 foyers new-yorkais d’ici 2027, avait fait face à un arrêt temporaire des travaux plus tôt dans l’année avant que le BOEM ne lève l’ordre de suspension. La valeur comptable brute du projet s’élevait à environ 2,5 milliards de dollars au 31 mars 2025, incluant 1,5 milliard de dollars en prêts à terme de financement de projet.
Contraste avec la réglementation pétrolière maintenue
La suppression du calendrier quinquennal pour les énergies renouvelables contraste avec les obligations maintenues pour le secteur pétrolier et gazier offshore. L’Outer Continental Shelf Lands Act (OCSLA) impose toujours au BOEM de préparer et maintenir un programme quinquennal pour les ventes de baux pétroliers et gaziers, spécifiant la taille, le calendrier et l’emplacement des ventes proposées.
Le programme actuel 2024-2029 pour les hydrocarbures, approuvé en décembre 2023, prévoit trois ventes de baux dans le golfe du Mexique. Ce processus de planification, qui nécessite généralement deux à trois ans et inclut des consultations publiques approfondies et des études d’impact environnemental programmatiques, reste inchangé pour le secteur des combustibles fossiles.
Flexibilité accrue pour répondre aux conditions du marché
L’élimination de l’exigence de planification quinquennale pourrait permettre au BOEM d’adapter plus rapidement son approche aux conditions changeantes du marché. Cette flexibilité intervient après une période marquée par des résultats d’enchères très variables, illustrés par l’enchère d’août 2023 dans le golfe du Mexique où RWE a remporté 100 000 acres au large de la Louisiane pour seulement 5,6 millions de dollars – soit environ 54 dollars par acre.
Les développeurs majeurs ont connu des fortunes diverses. Ørsted avait annoncé fin 2023 des dépréciations pouvant atteindre 5,6 milliards de dollars, principalement liées à l’annulation de ses projets Ocean Wind 1 et 2 au New Jersey. Ces annulations ont eu lieu malgré des investissements substantiels des États dans les infrastructures, le New Jersey ayant engagé 1 milliard de dollars pour le développement portuaire dédié à l’éolien offshore.
Implications pour la planification industrielle
La suppression du calendrier quinquennal obligatoire pourrait avoir des implications mixtes pour l’industrie. D’une part, elle offre au BOEM la possibilité de programmer des enchères en fonction des conditions de marché optimales et de l’intérêt des développeurs. D’autre part, l’absence de visibilité à long terme pourrait compliquer la planification des investissements pour les développeurs et les fabricants d’équipements.
Actuellement, le BOEM gère 34 baux commerciaux actifs d’éolien offshore. Des projets comme Vineyard Wind 1 et South Fork Wind sont en construction, tandis que d’autres font face à des défis économiques et réglementaires. Le développement du premier navire d’installation de turbines éoliennes conforme au Jones Act par Dominion Energy, prévu pour 2025, illustre les investissements continus dans l’infrastructure de soutien malgré l’incertitude réglementaire.
Cette modification réglementaire représente un ajustement pragmatique face aux réalités économiques du secteur éolien offshore. Sans l’obligation de publier un calendrier rigide, le BOEM pourra potentiellement mieux calibrer le rythme des enchères en fonction de la demande réelle et des conditions de marché, bien que cette flexibilité puisse également créer une incertitude supplémentaire pour les acteurs industriels habitués à une planification prévisible.