L’approvisionnement en carburant au Mali est fortement perturbé depuis un mois en raison d’un blocus imposé par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda. Les attaques ciblent les camions-citernes empruntant les corridors logistiques depuis la Côte d’Ivoire et le Sénégal, par où transite la majorité des produits pétroliers du pays. Les convois, escortés par l’armée malienne, font face à des embuscades, plusieurs ayant été incendiés, tandis que des chauffeurs et militaires ont été tués ou enlevés.
Le stock de sécurité désormais épuisé
L’Office national des produits pétroliers (ONAP) a confirmé que son stock de sécurité, censé couvrir trois jours de consommation nationale, est épuisé. Les prévisions ont été fortement affectées par les récentes attaques, notamment sur la route ivoirienne, où une dizaine de citernes ont été détruites. Le transport des citernes se fait désormais au compte-gouttes, uniquement sous escorte militaire, dont la fréquence reste irrégulière en raison du risque sécuritaire élevé.
Bamako n’est plus épargnée
Alors que la capitale bénéficiait jusqu’à présent d’un statut prioritaire dans la distribution, la pénurie s’y fait désormais sentir. Les files d’attente devant les stations-service se sont multipliées depuis le début de la semaine, avec des ruptures de stock généralisées. Les transporteurs urbains et commerçants locaux signalent d’importantes pertes d’activité liées à l’impossibilité de se ravitailler.
Réduction drastique de la fourniture électrique
La situation énergétique se dégrade également. En raison de la dépendance du pays à l’énergie thermique, la pénurie de carburant compromet la production électrique. La société publique Énergie du Mali a annoncé une réduction du temps de fourniture quotidienne à six heures par jour dans certains quartiers de Bamako. Dans les villes de l’intérieur, plusieurs zones ne reçoivent plus d’électricité, faute de carburant pour alimenter les groupes électrogènes.
Des conséquences logistiques sur l’ensemble du pays
Les activités commerciales liées à la chaîne du froid sont particulièrement touchées. À Mopti, des commerçants signalent des pertes sur les produits périssables en raison des coupures prolongées. À Ségou, la rareté du carburant pousse les habitants à faire la queue dès l’aube, parfois sans succès après plusieurs heures d’attente. Le manque de gaz butane commence également à se faire sentir à Bamako, selon plusieurs témoignages.
Les mesures d’urgence de la junte
En réponse à la crise, les autorités maliennes ont renforcé les escortes militaires et maintenu le contrôle des prix dans les stations-service. Des déclarations officielles assurent que la situation devrait s’améliorer prochainement, sans calendrier précis. Mi-septembre, le Premier ministre malien Abdoulaye Maïga avait déclaré à l’attention des distributeurs : « Même s’il faut aller chercher le carburant à pied avec des cuillères, nous allons le faire. »