Le biométhane dispose d’importantes vertus pour l’UE. D’une part, il permettrait à l’UE de se rapprocher de ses objectifs climatiques de 2030 et de sa neutralité carbone en 2050. D’autre part, dans un contexte de flambée des prix du gaz et de tensions avec la Russie, il permettrait d’assurer la sécurité énergétique de l’UE.
L’UE fixe des objectifs de production de biométhane
L’UE connaît ses vertus et entend bien en tirer avantage. Une stratégie pour le développement du biométhane est incluse dans le cadre du plan REPowerEU qui vise à développer une énergie abordable, sûre et durable pour l’Europe. La Commission européenne prévoit de passer d’une production annuelle de 3 mmc de biométhane actuellement à près de 35 mmc d’ici 2030.
Il s’agit alors de transformer les objectifs européens en objectifs nationaux. Les États membres doivent intégrer ces objectifs dans leurs plans nationaux pour le climat et l’énergie. Ces derniers doivent également prendre des mesures pour développer leurs industries nationales de biométhane.
Des objectifs atteignables
L’institut Gas for Climate s’est penché sur ces objectifs pour en déterminer leur bien-fondé. Selon une étude initiale de 2019, Gas for Climate estimait le potentiel d’approvisionnement durable du biométhane à 35 mmc en 2030 et à 95 mmc en 2050. Toutefois, une nouvelle étude révèle de nouveaux résultats prenant appui sur la nouvelle ambition de l’UE et de nouvelles avancées technologiques. La production annuelle de biométhane dans l’UE pourrait atteindre 41 mmc en 2030 et 151 mmc en 2050.
On peut séparer la production de biométhane entre la technique par digestion anaérobie et la technique de gazéification thermique.
Selon Gas for Climate, en 2030, l’UE pourrait produire 38 mmc de biométhane par digestion anaérobie. Ce chiffre atteindrait 91 mmc en 2050. La France, l’Allemagne, l’Italie, la Pologne et l’Espagne seront des acteurs clés. En 2030, les principales matières premières utilisées seront le fumier (33%), les résidus agricoles (25%) et les récoltes séquentielles (21%). En 2050, les récoltes séquentielles vont prendre une plus grande importance (49%) alors que le fumier (19%) et les résidus agricoles (17%) continueront à jouer un rôle essentiel.
Pour ce qui est de la technique de gazéification thermique, elle permettra la production de 2,9 mmc de biométhane dans l’UE en 2030 et 60 mmc en 2050. Comme pour le premier procédé, les pays cités ci-dessus auront un rôle à jouer. De plus, nous retrouverons la Suède. Cette technique utilise principalement des résidus forestiers et des déchets de bois qui représentent à eux deux 60% des matières premières utilisées pour la production.
Des chiffres qui pourraient être encore plus élevés
Par ailleurs, l’UE pourrait produire encore plus de biométhane en utilisant d’autres matières premières. La plaquette REPowerEU suggère d’utiliser de la biomasse provenant de terres marginales/contaminées et d’algues.
Par ailleurs, la production pourrait être stimulée par l’utilisation de nouvelles technologies comme la gazéification hydrothermique de matières premières humides. Finalement, le méthane renouvelable (produit à partir d’électricité renouvelable et de CO2 biogénique) et le gaz de décharge pourraient apporter un potentiel supplémentaire.
Ainsi, le biométhane pourrait tenir ses promesses pour garantir les objectifs climatiques européens mais surtout la sécurité énergétique de l’UE. Actuellement, la production de biogaz dans l’UE est de 15 mmc alors que la consommation de gaz naturel était de 400 mmc en 2020 et que les importations de Russie s’élevaient à 155 mmc.