La production de biogaz et de biométhane en Europe a franchi un seuil important en 2023, atteignant 22 milliards de mètres cubes (Bcm), selon le dernier rapport de l’Association Européenne du Biogaz (EBA). Cela représente 7 % de la consommation totale de gaz naturel dans l’Union européenne (UE). Ces volumes dépassent la demande combinée en gaz de pays comme la Belgique, le Danemark et l’Irlande.
En détail, la production de biométhane a augmenté de 21 % au sein de l’UE, atteignant 4,9 Bcm en 2023. Cette progression a été principalement menée par des pays tels que l’Italie, la France, le Danemark et le Royaume-Uni, qui figurent parmi les leaders européens du secteur. L’EBA rapporte également une augmentation de la capacité de production installée, qui s’élève désormais à 6,4 Bcm/an au premier trimestre 2024.
Les usages diversifiés du biométhane
Le biométhane produit en 2023 a été utilisé à 23 % dans le secteur des transports, à 17 % dans les bâtiments, à 15 % pour la production d’électricité et à 13 % dans l’industrie. Ces applications multiples renforcent son rôle central dans la transition énergétique européenne. « Le biométhane est une ressource clé pour réduire la dépendance énergétique de l’Europe tout en soutenant la croissance des autres énergies renouvelables », a déclaré Harmen Dekker, directeur général de l’EBA.
Objectifs ambitieux pour 2030
L’initiative REPowerEU, lancée en 2022, fixe un objectif de 35 Bcm/an de production de biométhane d’ici 2030. Pour y parvenir, un taux de croissance annuel de 35,9 % serait nécessaire. Le rapport de l’EBA souligne que 950 nouvelles usines de biométhane devraient voir le jour au cours des cinq prochaines années, ce qui ajouterait 6,9 Bcm/an de capacité supplémentaire, principalement dans les pays européens.
Cependant, la réalisation de ces objectifs dépendra d’investissements constants et d’une réglementation adaptée. D’ici 2040, l’EBA estime que la production de biométhane pourrait couvrir 80 % de la consommation de gaz naturel de l’UE, représentant une injection de 27 milliards d’euros dans le secteur.
Le rôle croissant du bio-GNL
En parallèle, le bio-GNL (gaz naturel liquéfié renouvelable) joue un rôle de plus en plus important dans la décarbonisation des transports. Actuellement, 14 pays de l’UE produisent du bio-GNL, avec 59 usines opérationnelles. Ce chiffre devrait atteindre 105 usines en 2024, augmentant la capacité totale à 15,1 TWh/an.
Pablo Molina, responsable technique à l’EBA, a expliqué que 80 % de la production de bio-GNL serait destinée au transport routier, en particulier pour les poids lourds, un segment difficile à électrifier. Le secteur maritime montre également un intérêt croissant pour cette énergie, en raison des pressions pour réduire les émissions.
Défis de marché
Malgré cette croissance, le marché est confronté à des défis. Les prix des garanties d’origine (GO) pour le biométhane en Allemagne, aux Pays-Bas et au Danemark ont atteint des niveaux historiquement bas en décembre 2023, traduisant une demande encore insuffisante. De plus, les prix du bio-GNL restent élevés, avec un coût de 86,987 €/MWh à Rotterdam en décembre 2023, soit une prime de près de 39 €/MWh par rapport aux indices gaziers traditionnels.
Pour relever ces défis, l’EBA appelle à des procédures d’autorisation plus rapides et une planification stratégique accrue afin de dynamiser le marché et d’encourager les développeurs de projets.