Le marché européen du bio-gaz naturel liquéfié (bio-GNL) subventionné connaît une croissance soutenue, alimentée par un écart de prix de plus en plus étroit avec la version non subventionnée. Cette tendance, observée depuis le début de l’année, s’explique par l’augmentation de la demande et les évolutions réglementaires affectant les carburants marins à faible intensité carbone.
L’écart entre les deux types de bio-GNL a chuté de près de EUR50/MWh ($17.28/MMBtu) en début d’année à une fourchette actuelle située entre EUR36 et EUR42/MWh ($12.32 à $14.51/MMBtu), selon des opérateurs du marché. Certains évoquent même des écarts ponctuels de seulement EUR20/MWh, anticipant une stabilisation autour de EUR30/MWh ($10.37/MMBtu) d’ici 2027.
Une pression haussière sur le bio-GNL subventionné
Le bio-GNL subventionné bénéficie d’un soutien financier direct aux producteurs de biogaz, ce qui le rendait historiquement plus abordable. Cependant, les exigences croissantes de conformité environnementale poussent les prix vers le haut. Le règlement européen FuelEU Maritime impose une réduction progressive de l’intensité carbone des carburants marins, avec un objectif de -2% d’ici 2025 et jusqu’à -80% en 2050.
Bien que le statut réglementaire définitif du bio-GNL subventionné reste à clarifier par la Commission européenne, les acteurs du secteur considèrent ce carburant comme conforme en l’absence de directives contraires. Cette incertitude juridique n’a pas freiné l’intérêt croissant pour les volumes subventionnés, perçus comme une solution économique dans un contexte de transition énergétique accélérée.
Les mécanismes de mutualisation stimulent l’intérêt
Le développement de pools maritimes autour des carburants alternatifs constitue un levier important pour la croissance du bio-GNL. Ces dispositifs permettent aux armateurs de mutualiser les émissions de leurs navires afin de redistribuer les excédents de conformité. Deux méthaniers de la société Anthony Veder ont ainsi intégré le pool commercial de l’énergéticien finlandais Gasum, en naviguant au bio-GNL pour générer des crédits d’émissions.
Cette flexibilité opérationnelle alimente la demande, certains affréteurs optant désormais pour le bio-GNL subventionné malgré l’incertitude réglementaire. Plusieurs affirment avoir initialement envisagé l’option non subventionnée avant de se réorienter, par crainte de désavantages concurrentiels.
Un marché dual mais interconnecté
Dans un contexte de diversification croissante des contrats, les volumes non subventionnés conservent une valeur stratégique. Certains acheteurs sécurisent des clauses permettant de basculer d’un type de bio-GNL à l’autre, moyennant une prime, pour anticiper une éventuelle requalification réglementaire du subventionné.
Le 25 septembre, une évaluation quotidienne du prix du bio-GNL subventionné a été lancée, reflétant cette évolution. Le 26 septembre, le produit subventionné a été coté à $25.062/MMBtu, contre $37.23/MMBtu pour le non subventionné, soit un écart de EUR35.5/MWh.
Alors que les contraintes réglementaires se durcissent et que les mécanismes de conformité deviennent plus complexes, le marché du bio-GNL en Europe s’organise autour d’un double système tarifaire. L’alignement progressif des prix entre versions subventionnée et non subventionnée reflète un équilibre instable, influencé par les dynamiques commerciales et juridiques à venir.