Le cours du pétrole brut américain a chuté mardi à un niveau jamais observé depuis février 2021, glissant brièvement sous la barre des 55 dollars. Le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en janvier, a atteint 54,98 dollars en séance, avant de remonter légèrement à 55,32 dollars, soit une baisse de 2,64%. Cette baisse marque une rupture notable pour les marchés, confrontés à une conjonction de signaux de détente géopolitique et de perspectives de surplus pétrolier.
La prime de risque géopolitique s’efface
Les discussions en cours entre les États-Unis et l’Ukraine sur une résolution du conflit avec la Russie pèsent sur les cours, en réduisant les craintes d’un choc sur l’offre mondiale. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a évoqué des « progrès » dans les négociations, tandis que Donald Trump a déclaré que les parties étaient « plus proches aujourd’hui que jamais » d’un accord. Cette dynamique a contribué à faire baisser la prime de risque géopolitique intégrée dans les prix du pétrole depuis le début du conflit.
Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les exportations russes ont diminué de 420 000 barils par jour en novembre. Un accord de paix pourrait permettre un retour massif du brut russe sur le marché, renforçant les anticipations de surabondance. Toutefois, des analystes soulignent la prudence à maintenir face à la volatilité des pourparlers.
Pression sur les prix liée à l’offre mondiale
Parallèlement à l’évolution géopolitique, les opérateurs de marché se concentrent sur un excédent d’offre croissant, en particulier au Moyen-Orient et aux États-Unis. Les prix du brut à livraison immédiate dans le Golfe sont inférieurs à ceux à terme, ce qui reflète une offre excédentaire à court terme. Cette courbe dite en contango dissuade le stockage, sauf en cas de fortes incitations financières.
Des tensions restent cependant visibles sur certains segments logistiques, notamment avec le pétrole vénézuélien. Plusieurs cargaisons auraient rebroussé chemin en raison de menaces d’interceptions par les forces américaines et d’une cyberattaque contre la société d’État Petróleos de Venezuela (PDVSA). Néanmoins, cette situation n’a pas suffi à susciter des craintes de pénurie sur le marché du brut lourd.
Impact limité des perturbations ponctuelles
Les inquiétudes sur la demande mondiale persistent malgré les efforts de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) pour contrôler la production. Les quotas revus à la hausse par certains membres contribuent à l’idée d’un déséquilibre prolongé entre l’offre et la demande.
Selon plusieurs acteurs du marché, les tentatives précédentes d’ajustement de la production n’ont pas permis de soutenir durablement les prix en 2025. À court terme, les fondamentaux semblent orienter les prix vers des niveaux inférieurs, accentuant la pression sur les producteurs à coûts élevés.