L’Azerbaïdjan entend profiter de la guerre en Ukraine pour trouver de nouveaux clients pour son gaz. Illham Aliyev, président du pays, se dit prêt à vendre du gaz à de nouveaux clients en Europe. Il déclare :
« En tenant compte du fait qu’il y a maintenant de nouveaux défis et de nouvelles demandes, bien sûr, nous sommes déjà en négociations avec d’autres consommateurs potentiels. »
Le pays ambitionne d’augmenter sa capacité de production et d’exportation de gaz. Ainsi, elle veut répondre à la forte demande. Néanmoins, des investissements et des contrats sont nécessaires.
L’Azerbaïdjan augmente ses exportations vers l’Europe
L’Azerbaïdjan augmente d’ores et déjà ses exportations vers l’Europe. Selon Parviz Shahbazov, ministre de l’énergie, l’approvisionnement de l’Union européenne, via le Southern Gas Corridor devrait atteindre les 10 milliards de mètres cubes (Bcm) d’ici la fin de l’année.
Le pays fournit déjà du gaz à l’Italie, à la Grèce et à la Bulagrie via ce corridor, le Southern Gas Corridor. Le projet comprend alors 3 étapes : le South Caucasus Pipeline, le Trans Anatolian Natural Gas Pipeline (TANAP) et le Trans-Adriatic Pipeline (TAP).
Le ministre de l’énergie explique que l’Azebaïdjan a livré 6,8 Bcm de gaz vers la Turquie et l’Europe via le TANAP ou le TAP entre janvier en mai 2022. Il ajoute :
« Il est prévu que d’ici la fin de l’année, ce chiffre atteigne 16Bcm, et que l’exportation de gaz azerbaïdjanais vers l’Europe dépasse 10 Bcm. »
Les différents partenaires du projet discutent pour augmenter l’approvisionnement par cette voie. Il s’agit d’optimiser de la capacité dans l’objectif d’ajouter 1 Bcm supplémentaire par an. Sur le long terme, la capacité du TANAP pourrait dépasser les 30 Bcm/an. Idem, celle du TAP pourrait atteindre les 20 Bcm/an.
Selon Gary Jones, président de BP pour l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie, explique :
« Le rôle du Southern Gas Corridor va se développer, les exportations vont augmenter, et pour atteindre ces objectifs, des travaux sont en cours pour attirer les institutions financières et les investissements connexes. »
Brenda Shaffer, professeure spécialiste de l’énergie dans la région, ajoute que le projet du Southern Gas Corridor est évolutif. En d’autres termes, il peut être étendu pour doubler les approvisionnements actuels. Selon elle :
« Le resserrement du marché européen du gaz naturel n’est pas une évolution temporaire, mais durera plusieurs années et créera une source de demande stable pour des approvisionnements en gaz supplémentaires ».
Des investissements sont nécessaires
Cependant, le pays rappelle qu’il ne peut pas augmenter sa production du jour au lendemain. Selon eux, les exportations globales atteindront 24 Bcm en 2022, soit une hausse de 10 % par rapport à 2021. Ce chiffre doit encore augmenter pour l’année 2023.
Ainsi, les responsables azerbaïdjanais soulignent que le pays doit signer de nouveaux contrats. Si l’Azerbaïdjan veut répondre à la demande, qui ne cesse d’augmenter, le pays doit stimuler sa production. Il a donc besoin de temps. James Huckstepp, analyste chez S&P Global, déclare :
« Nous nous attendons à une nouvelle expansion de la production azerbaïdjanaise, mais cela nécessite des investissements et ne sera pas possible avant 2025. »
De fait, une grande partie du gaz azerbaïdjanais est issue de Shah Deniz. Ce champ offshore situé en mer Caspienne est exploité par BP. La première phase du projet comprend une capacité de 10 Bcm, et 16 Bcm pour la phase 2. BP prévoit un plan d’optimisation. Celui-ci pourrait augmenter la production du champ de 1 Bcm/an.
À long terme, la production de Shah Deniz pourrait dépasser les 30 Bcm. En outre, le pays peut compter sur de nouvelles capacités. Celles-ci pourraient provenir des projets Absheron, Babak ou encore Umid.
L’Europe se tourne vers l’Azrbaïdjan, qui doit développer ses infrastructures
Début juin, des représentants d’États européens se sont rendus en Azerbaïdjan. C’est le cas de la Roumanie, la Serbie, la Hongrie et l’Italie. Ils cherchent alors des alternatives au gaz russe.
Néanmoins, l’Azebaïdjan doit développer ses infrastructures si le pays souhaite être en mesure de répondre à la forte demande actuelle.
Peter Szijjarto, ministre hongrois des affaires étrangères, déclare :
« Nous voulons que le gaz azerbaïdjanais devienne le principal gaz en Europe. Toutefois, pour concrétiser cette idée, il est nécessaire de développer les infrastructures et le potentiel de la région. »
Ceci est confirmé par Vannia Gava, sous-secrétaire au ministre italien de la transition énergétique. Elle explique vouloir augmenter la capacité du TAP à 20 Bcm.