L’avenir de Nord Stream sans la Russie : une réévaluation des infrastructures gazières européennes

Alors que les livraisons de gaz russe via Nord Stream ont cessé, l’Europe examine les solutions possibles pour réutiliser ou remplacer cette infrastructure majeure dans un contexte de transition énergétique complexe et de diversification des sources d’approvisionnement.

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Le gazoduc Nord Stream, qui a longtemps permis le transport de gaz naturel russe vers l’Europe, est désormais à l’arrêt après la suspension totale des flux russes. Ce changement, alimenté par des raisons géopolitiques, économiques et environnementales, soulève des questions importantes sur l’avenir de cette infrastructure et sur les alternatives possibles pour maintenir la sécurité énergétique de l’Europe.

Habeck et la position allemande sur Nord Stream

Le ministre allemand de l’Économie, Robert Habeck, a clairement exprimé le 17 mars 2025 que la reprise des livraisons de gaz russe via Nord Stream serait une « mauvaise direction ». Selon lui, l’Europe ne devrait pas remplacer une dépendance vis-à-vis du gaz russe par une nouvelle dépendance au gaz liquéfié (LNG) en provenance des États-Unis. En outre, Habeck a insisté sur l’importance de soutenir l’Ukraine et de se concentrer sur une réduction progressive des importations de combustibles fossiles au profit du développement des énergies renouvelables. Ces commentaires interviennent dans un contexte où la Russie continue de peser sur les discussions énergétiques européennes, notamment après la proposition de Vladimir Poutine le 13 mars 2025 d’une coopération énergétique renouvelée avec Washington pour fournir plus de gaz à l’Europe.

Coûts économiques de la reconversion des infrastructures

L’un des scénarios envisagés par l’Europe pour l’avenir des gazoducs Nord Stream consiste à les reconvertir pour transporter de l’hydrogène (H₂). Toutefois, cette option représente un investissement significatif. Les experts estiment que la reconversion des gazoducs existants en infrastructures pour l’hydrogène pourrait coûter entre 4 et 5 milliards d’euros pour les deux pipelines de Nord Stream. Ce coût inclut les modifications nécessaires des stations de compression, des turbines et des matériaux des pipelines, qui doivent être adaptés pour supporter l’hydrogène, un gaz plus léger et plus agressif pour les infrastructures métalliques.

L’hydrogène est encore une énergie en développement, et son coût de production demeure élevé. En 2023, le prix de production de l’hydrogène renouvelable se situait entre 4 et 6 euros par kg, tandis que le prix du gaz naturel reste inférieur à 2,5 euros par kg. De plus, la rentabilité de la reconversion de Nord Stream en infrastructure pour l’hydrogène dépendra fortement des politiques de soutien de l’Union européenne, qui devra mettre en place des incitations fiscales et une réglementation favorable à cette transition.

Les alternatives et les investissements nécessaires

Une autre piste envisagée par l’Europe serait de réorienter les gazoducs existants vers de nouveaux fournisseurs de gaz, notamment la Norvège. Toutefois, cette solution nécessiterait des investissements supplémentaires dans des infrastructures sous-marines, dont le coût est estimé à environ 3 à 4 milliards d’euros pour les nouvelles connexions. Cette option reste économiquement incertaine, car elle viendrait concurrencer les solutions déjà en place, telles que les terminaux de LNG récemment installés en Allemagne.

Le LNG, bien qu’essentiel dans la diversification des sources d’approvisionnement, demeure une solution coûteuse. En 2022, les prix de référence du gaz en Europe ont atteint des niveaux records de 319,98 €/MWh. Bien que ces prix aient diminué en 2023 pour se stabiliser autour de 42,22 €/MWh, l’approvisionnement via LNG reste plus cher que les livraisons de gaz par pipeline, ce qui exerce une pression sur les coûts énergétiques des entreprises européennes.

La dépréciation des actifs et les coûts de l’abandon

En cas d’abandon des gazoducs Nord Stream, l’Europe se retrouverait face à une perte économique considérable. La construction des deux gazoducs Nord Stream a coûté environ 10 milliards d’euros à Gazprom, sans compter les frais de maintenance et d’exploitation. L’abandon total de ces infrastructures constituerait une dépréciation majeure des actifs, réduisant leur valeur marchande. Cette dépréciation pourrait atteindre plusieurs milliards d’euros, et le processus d’abandon impliquerait des coûts supplémentaires pour le démantèlement et la reconversion des infrastructures en d’autres usages.

L’impact sur les marchés financiers européens serait également significatif. La suspension des flux de gaz russes a déjà entraîné des hausses de prix et une volatilité accrue sur le marché de l’énergie, avec des conséquences sur les coûts de production dans plusieurs secteurs industriels. Les entreprises européennes doivent également faire face à des investissements considérables pour remplacer le gaz russe par d’autres sources d’approvisionnement.

Scénarios futurs : une transition énergétique coûteuse

Le choix entre la reconversion des infrastructures de Nord Stream en transport d’hydrogène ou leur abandon pur et simple représente un défi stratégique majeur pour l’Europe. La reconversion pourrait permettre à l’Europe de sécuriser un approvisionnement en gaz plus propre à long terme, tout en contribuant à la transition énergétique. Toutefois, cette option impliquerait des coûts de reconversion élevés et des incertitudes sur la rentabilité de l’hydrogène comme source d’énergie compétitive.

Par ailleurs, l’abandon des gazoducs et le recours accru aux importations de LNG ainsi qu’aux énergies renouvelables augmenteraient les coûts à court et moyen terme. Selon l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), le passage à une économie énergétique décarbonée en Europe pourrait nécessiter des investissements de plus de 30 milliards d’euros sur les prochaines décennies pour sécuriser les infrastructures nécessaires et garantir l’approvisionnement énergétique sans recourir à des combustibles fossiles.

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