Le gouvernement fédéral australien a approuvé l’extension de 40 ans du projet gazier North West Shelf (NWS), situé au large des côtes de l’Australie-Occidentale. Cette décision prolonge l’exploitation jusqu’en 2070 d’un des plus grands projets australiens dans le secteur du gaz naturel liquéfié (GNL). Le consortium chargé du projet, dirigé par Woodside Energy, exploite ce gisement depuis les années 1980, fournissant du gaz principalement destiné à l’exportation vers l’Asie. Cette autorisation intervient après plus de six années d’examen approfondi de l’impact potentiel du projet, en particulier sur les émissions industrielles associées à l’exploitation.
Contexte économique stratégique
Depuis ses débuts, le projet North West Shelf a contribué significativement à l’économie australienne, générant plus de 40 milliards de dollars australiens en redevances et taxes au bénéfice du gouvernement fédéral et de l’État d’Australie-Occidentale. Il représente également une importante source d’emploi local dans la région de Karratha, où se trouve l’usine de traitement de gaz naturel liquéfié. Cette prolongation permet ainsi de sécuriser les emplois existants et de renforcer la position stratégique du pays sur le marché mondial du GNL. L’Australie, troisième exportateur mondial de GNL, consolide ainsi ses partenariats commerciaux, particulièrement avec les marchés clés que sont la Chine, le Japon et la Corée du Sud.
La décision d’extension du projet s’inscrit dans une stratégie plus large visant à garantir la sécurité énergétique du pays, face à une demande mondiale croissante en énergie stable et prévisible. Le gouvernement australien considère le gaz naturel comme une énergie intermédiaire indispensable pour assurer la transition vers les énergies renouvelables. Cette position est notamment défendue par Woodside Energy, affirmant que l’exploitation continue du gaz est essentielle pour répondre aux besoins énergétiques immédiats tout en soutenant progressivement l’intégration des ressources renouvelables.
Enjeux culturels et juridiques
La prolongation de l’exploitation soulève cependant des enjeux importants, notamment en raison de la proximité du site avec la péninsule de Burrup, également appelée Murujuga, connue pour abriter des milliers de pétroglyphes anciens, classés parmi les plus anciens au monde. Ce patrimoine culturel fait l’objet d’inquiétudes, relayées par des experts scientifiques et les communautés autochtones locales. Ils craignent en particulier l’impact des émissions industrielles, telles que les oxydes d’azote et de soufre, sur la conservation des roches gravées.
Une contestation judiciaire a été rapidement déposée par Raelene Cooper, leader communautaire autochtone du peuple Mardudhunera. Cette action en justice vise à contester l’autorisation donnée par le gouvernement fédéral, arguant des risques que fait courir le projet à l’intégrité du patrimoine culturel local. Cette démarche pourrait influencer le calendrier et les conditions réelles d’exploitation du projet gazier dans les prochaines années. La région avait également fait l’objet d’une candidature récente au patrimoine mondial de l’UNESCO, candidature qui a été rejetée en raison de préoccupations liées aux activités industrielles.
Conséquences internationales et industrielles
Sur le plan international, l’Australie doit naviguer avec précaution pour maintenir son rôle de fournisseur majeur et fiable de gaz naturel liquéfié tout en gérant les pressions croissantes liées aux politiques climatiques internationales. La prolongation du projet North West Shelf jusqu’en 2070 intervient dans un contexte global où les politiques énergétiques font l’objet d’une attention particulière en raison de l’objectif mondial de réduction des émissions de carbone.
Par ailleurs, le projet continue d’attirer l’attention d’investisseurs internationaux intéressés par le potentiel économique à long terme du gaz naturel comme énergie complémentaire aux renouvelables. Dans le même temps, ces investisseurs restent attentifs aux développements juridiques et réglementaires liés aux émissions et aux conditions imposées par le gouvernement australien. Les prochains mois devraient fournir davantage de précisions sur la manière dont les contraintes imposées à l’exploitation du projet North West Shelf seront effectivement appliquées.