Les exportateurs australiens de charbon thermique doivent faire face à une contraction accélérée de leurs marchés de croissance historiques. Longtemps soutenue par la demande en hausse de la Chine et des pays d’Asie du Sud-Est, la filière se heurte désormais à une restructuration énergétique majeure dans la région.
Les importations chinoises reculent au profit de la production nationale
La Chine, principal moteur de la demande mondiale de charbon thermique, a entamé un changement de cap, avec une baisse de ses émissions liées à la production électrique et une stagnation de sa consommation de charbon. Malgré un important programme de construction de centrales, le taux moyen d’utilisation des installations charbonnières est tombé à 50 % en 2024. Les prévisions de l’Association nationale de l’industrie charbonnière anticipent une baisse de 22 % des importations en 2025 par rapport à 2024, et de plus d’un tiers d’ici 2030.
Un repositionnement vers des fournisseurs géographiquement plus proches
Ce ralentissement des achats extérieurs s’accompagne d’une montée en puissance de la production intérieure chinoise, mais aussi d’un basculement vers des fournisseurs régionaux. L’Indonésie s’impose comme le principal bénéficiaire de ce repositionnement, consolidant sa position auprès des marchés chinois et de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). Dans le même temps, les importations chinoises de charbon russe ont été multipliées par trois depuis 2022.
L’Asie du Sud-Est réduit sa dépendance au charbon
La dynamique en Asie du Sud-Est suit une trajectoire similaire. Le portefeuille de projets liés au charbon y a fortement diminué, tandis que les capacités en développement dans les énergies renouvelables et le gaz représentent respectivement dix et trois fois celles du charbon. Les centrales en construction ou à l’étude sont désormais minoritaires dans le mix de production régional.
Le captage carbone reste économiquement marginal
Dans ce contexte, les perspectives d’adoption à grande échelle du captage et stockage du carbone (CCS) demeurent limitées. Le coût d’installation du CCS sur une centrale existante reste supérieur à celui d’une nouvelle infrastructure renouvelable combinée à du stockage. Les acteurs du secteur se heurtent donc à des contraintes technico-économiques qui freinent cette voie de prolongement d’activité.
Un risque accru pour les exportations australiennes
L’ensemble de ces évolutions accentue la pression concurrentielle sur le charbon australien, confronté à des approvisionnements alternatifs plus compétitifs et mieux positionnés géographiquement. Les espoirs d’un rebond porté par des centrales plus efficaces s’amenuisent, les acheteurs privilégiant des charbons à bas coût comme ceux d’Indonésie ou produits localement. Cette évolution structurelle du marché pourrait remettre en question la viabilité de l’offre australienne sur le long terme.